Jordan Bardella perd son titre d’eurodéputé le plus fainéant au profit de Guillaume Peltier et Marion Maréchal
Longtemps moqué pour son absence chronique au Parlement européen, Jordan Bardella n’est désormais plus seul dans le viseur.
D’autres figures de l’extrême droite française, comme Guillaume Peltier et Marion Maréchal, affichent des taux de participation tout aussi préoccupants. Et au-delà de ces carences individuelles, c’est toute la gestion du groupe auquel ils appartiennent qui est aujourd’hui mise en cause.
Selon le site spécialisé Projet Arcadie, plusieurs eurodéputés issus de la droite radicale brillent davantage par leur absence que par leur contribution. Guillaume Peltier, ancien lieutenant d’Éric Zemmour, n’aurait participé qu’à 4 réunions sur 29 au sein de la commission des Affaires économiques, pourtant l’une des plus stratégiques du Parlement. Il n’a également pris part qu’à 2 votes sur 11 dans cette instance, et à aucun dans les commissions où il n’est que suppléant.
Le bilan ne s’arrange guère en séance plénière. S’il a participé à 30 votes sur 44, il n’a pris la parole que six fois, n’a rédigé aucun rapport, ni aucun avis, et ne s’est livré qu’à une seule interpellation formelle. Des chiffres révélateurs d’une activité quasi fantomatique.
Marion Maréchal également pointée du doigt
Marion Maréchal, eurodéputée depuis les élections de juin 2024, figure elle aussi parmi les plus absents. Toujours selon Projet Arcadie, elle est avant-dernière en matière de participation aux scrutins en plénière. Un constat inquiétant pour une figure médiatique qui avait fait de son retour en politique européenne un argument fort de campagne.
Son peu d’implication nourrit la critique selon laquelle une partie des élus d’extrême droite utilisent Bruxelles comme une tribune politique plutôt que comme un lieu de travail législatif. Une stratégie de communication qui, une fois confrontée aux chiffres, s’expose au reproche d’opportunisme et d’inefficacité.
Bardella : moins absent, mais toujours décrié
Jordan Bardella, longtemps qualifié de “plus mauvais élève français” au Parlement européen, voit son classement s’améliorer… mais de peu. Certes, il n’est plus officiellement le dernier en termes de participation, mais ses absences répétées, ses rares prises de parole et son absence de production législative restent dans le viseur des observateurs.
Le président du Rassemblement national a souvent revendiqué son engagement en France comme excuse à son manque d’assiduité. Une justification qui peine à convaincre, d’autant plus que son groupe au Parlement européen fait aujourd’hui l’objet de soupçons bien plus graves.
4,3 millions d’euros de dépenses jugées « indues »
Au-delà des absences individuelles, c’est la gestion financière du groupe auquel appartiennent ces eurodéputés qui suscite l’inquiétude. Selon une enquête en cours au sein des institutions européennes, près de 4,3 millions d’euros auraient été “indûment dépensés” par ce groupe politique.
Ces fonds publics, alloués pour financer l’activité parlementaire des élus européens, auraient été utilisés à des fins non conformes, voire extérieures à leur mandat. Une affaire qui pourrait ternir encore davantage l’image d’un courant politique déjà critiqué pour son inefficacité institutionnelle.
Une stratégie de présence médiatique plus que politique
Derrière cette série de constats, c’est toute une stratégie qui semble se dessiner : celle de figures politiques qui préfèrent investir les plateaux télévisés que les hémicycles de Strasbourg ou de Bruxelles. Les eurodéputés d’extrême droite utilisent le Parlement comme une caisse de résonance nationale, tout en négligeant le cœur même de leur mandat : le travail législatif européen.
Or, dans un contexte de montée des euroscepticismes, cette posture est de plus en plus scrutée. Pour les citoyens, cela soulève une question fondamentale : à quoi sert d’élire des représentants s’ils sont absents des débats, des votes, et de la construction des textes qui façonnent l’Europe de demain ?
Une crédibilité affaiblie sur le fond
Alors que l’extrême droite européenne ambitionne d’amplifier son influence dans les années à venir, ces données nuisent considérablement à sa crédibilité. Derrière les discours sur la souveraineté, le pouvoir d’achat ou l’immigration, l’implication concrète dans les institutions reste lacunaire.
Le travail parlementaire exige rigueur, régularité et investissement personnel. Trois qualités que les chiffres actuels ne permettent pas d’associer aux figures médiatiques les plus visibles de la droite radicale française. Et ce constat pourrait peser lourd dans les prochains scrutins.