C’est une déclaration mesurée, mais lourde de sens. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, l’a laissé entendre dans les colonnes du Parisien : en cas d’empêchement judiciaire de Marine Le Pen, il se tiendra prêt à briguer l’Élysée. Derrière les formules prudentes, un scénario se dessine déjà pour 2027.

Il ne parle pas encore d’annonce officielle, mais les mots choisis par Jordan Bardella laissent peu de place au doute. « Si Marine Le Pen devait être empêchée, je pense pouvoir vous dire que je serai son candidat », confie-t-il dans Le Parisien. Une phrase posée, encadrée de précautions, mais qui marque une forme d’acceptation du destin présidentiel. « Je travaille et je me prépare », ajoute-t-il, soulignant sa volonté de construire une stature capable d’incarner la fonction suprême.

Se préparer dans l’ombre de Le Pen

Pour le jeune leader du RN, la transition se veut naturelle et discrète, dans le respect de l’autorité de Marine Le Pen. Il revendique avoir déjà adopté les qualités nécessaires à un chef d’État : « Écouter, rassembler, comprendre les Français. » Des aptitudes qu’il dit avoir forgées au fil des mois, en tant que président de parti, mais aussi comme visage médiatique de la droite radicale. Il construit patiemment son profil de présidentiable, sans marcher sur les plates-bandes de sa mentor.

Une échéance suspendue au verdict de la justice

Mais tout dépendra de la justice. Marine Le Pen, condamnée récemment à cinq ans d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires du Front national, a fait appel de cette décision. La cour d’appel de Paris a annoncé qu’elle rendra son verdict à l’été 2026, soit quelques mois avant le lancement officiel de la campagne présidentielle. Un calendrier serré, qui maintient la pression sur le parti tout entier. Si la condamnation est confirmée, le RN devra activer son plan B sans délai.

Un duel Macron-Le Pen en suspens

Marine Le Pen espère encore pouvoir disputer une quatrième présidentielle face au camp macroniste. Une décision favorable de la cour d’appel pourrait relancer sa candidature comme figure incontournable de l’opposition. Mais dans le cas contraire, Bardella incarne le recours tout désigné, jeune, calibré médiatiquement, et déjà rodé à la confrontation politique. Son positionnement est clair : être prêt, sans précipiter les choses.

Le Rassemblement national dans l’expectative

Le RN se retrouve donc à la croisée des chemins, entre fidélité à son héritière historique et projection vers une nouvelle ère. Jordan Bardella, sans jamais brusquer le calendrier, continue de prendre de l’ampleur dans le paysage politique. En filigrane, il s’impose comme l’alternative crédible, celle qui serait prête à entrer en scène sans rupture. Le parti joue une partition à deux voix, en attendant que la justice décide de celle qui mènera la danse en 2027.