La parution du livre La Meute, ce 7 mai, provoque un nouveau séisme au sein de La France insoumise.

Entre accusations explosives et ambiance sous tension, le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon vacille dans la tourmente. Pourtant, chez les fidèles, la loyauté reste de mise, quitte à fermer les yeux sur certaines vérités.

Derrière La Meute, deux journalistes bien décidés à dévoiler les coulisses d’un parti souvent présenté comme vertical et verrouillé. Ils y exposent des accusations graves de harcèlement, de gestion opaque des finances, et de climat interne délétère. Loin d’un simple recueil d’anecdotes, le livre dresse le portrait d’une organisation en proie à des tensions profondes.

Mais pour de nombreux militants, rien de tout cela ne suffit à ébranler la foi dans leur leader. Nicole, militante convaincue, voit dans cette offensive médiatique une machination politique. “Ils inventent plein de choses”, tranche-t-elle, émue rien qu’à l’évocation de Mélenchon défendant les “pauvres”. Elle cite ses phrases comme des versets, convaincue que son champion est victime d’un complot soigneusement orchestré.

La fidélité d’anciens compagnons de route

Chez ceux qui ont cheminé aux côtés de Jean-Luc Mélenchon depuis ses débuts, la défiance vis-à-vis des médias reste tenace. Alain, ancien militant de l’OCI, ne cache pas sa colère : “Cette campagne anti-Mélenchon dure depuis des années. Elle est odieuse parce que lui seul, avec LFI, peut barrer la route à l’extrême droite.”

Pour lui, l’affaire est entendue : les révélations ne sont que des attaques politiques, montées en épingle par une presse qui cherche à nuire au dernier bastion d’une gauche de combat. Un discours qui résonne puissamment dans les rangs de LFI, où la critique extérieure est souvent perçue comme un assaut idéologique.

Un soutien plus nuancé chez certains militants

Jérôme, lui, est moins catégorique. S’il dénonce “une presse inféodée aux puissances économiques”, il reconnaît que le mouvement n’est pas exempt de critiques. “Tant que c’est sourcé, tant qu’il y a des preuves, ça ne me dérange pas qu’on enquête”, affirme-t-il, lucide. Il refuse de tomber dans l’aveuglement, tout en défendant le droit à une presse indépendante.

Dans sa bouche, les accusations récentes doivent être examinées avec rigueur, mais sans parti pris. Il réclame un journalisme honnête, capable de frapper aussi bien à droite qu’à gauche, sans s’ériger en tribunal politique. Un équilibre délicat, que peu de militants parviennent à tenir sans glisser dans le déni ou le rejet total.

Des révélations qui provoquent un malaise

Le témoignage de Danielle Simonnet, ex-députée LFI, a jeté une ombre sur le fonctionnement interne du parti. Elle y dénonce un harcèlement moral soutenu par des preuves textuelles. Pour Esteban, jeune militant engagé, cette affaire soulève de nombreuses interrogations. “C’est possible tout comme ça peut être exagéré…”, souffle-t-il, pris entre loyauté et trouble.

Ce qu’il retient, ce sont les idées portées par le mouvement, plus que les comportements individuels. À ses yeux, Mélenchon a toujours incarné une ligne cohérente. “Depuis que je milite, je n’ai rien vu d’anormal”, précise-t-il. Même lorsqu’il reconnaît que certaines polémiques – comme celle autour de l’affiche ciblant Hanouna – auraient mérité des excuses, il défend l’idée d’un parti perfectible, mais sincère.

Au-delà des critiques, c’est l’importance du chef qui domine dans les témoignages. Même face à la polémique Quatennens – que Mélenchon a soutenu malgré sa condamnation pour violences conjugales –, Esteban comprend la logique : “Il faut une figure forte pour incarner nos idées.”

Cette fidélité, presque affective, contribue à maintenir la cohésion d’un mouvement secoué mais pas brisé. Le besoin d’un repère, d’un cap politique clair, l’emporte souvent sur les réserves éthiques ou les divisions internes. Une dynamique classique dans les mouvements fondés sur une personnalité charismatique.

Une fille en première ligne face au président

Maryline Mélenchon, fille de Jean-Luc, reste discrète mais n’hésite pas à sortir du bois quand la politique s’en mêle. Lors de l’interview d’Emmanuel Macron sur France 2, peu avant les JO de Paris, elle a vivement critiqué la stratégie du président. Sur Facebook, elle dénonçait : “L’homme des 49-3 nous fait un cours sur les compromis. Insupportable.”

Ce commentaire lapidaire traduit l’exaspération d’une partie de la gauche face aux contorsions présidentielles, notamment après la dissolution de l’Assemblée. Malgré la victoire relative du Nouveau Front populaire, Macron s’était refusé à reconnaître un vainqueur, occultant sa propre déroute et l’essor du Rassemblement national. Une posture jugée hypocrite, que Maryline n’a pas hésité à fustiger.