« Je vous préviens… » : ce produit, consommé en France, est responsable d’une partie des cancers du pancréas
Longtemps considéré comme un cancer rare, celui du pancréas connaît aujourd’hui une progression alarmante en France. Avec plus de 16 000 cas recensés en 2023, ce fléau avance deux fois plus vite qu’ailleurs en Europe. Et parmi les causes suspectées, un ennemi invisible s’impose de plus en plus clairement : les pesticides agricoles, dont le cadmium, un métal toxique omniprésent dans notre alimentation.
Un cancer en forte hausse… et une spécificité française
Selon les données de Santé Publique France, le cancer du pancréas augmente de 3 % par an dans l’Hexagone, un rythme supérieur à la moyenne européenne. Les causes classiques sont bien identifiées : tabagisme, obésité, diabète, sédentarité. Mais les chercheurs s’inquiètent désormais d’un lien croissant entre les cancers du pancréas et l’exposition environnementale à certains pesticides.
Une étude publiée dans European Journal of Epidemiology, basée sur plus de 130 000 cas recensés entre 2011 et 2021, établit une corrélation directe entre l’usage intensif de pesticides et l’incidence du cancer du pancréas dans certaines communes françaises. Un simple accroissement de 2,6 kg de pesticides par hectare sur 11 ans serait associé à une hausse de 1,3 % du risque de cancer dans ces zones.
Le cadmium : toxique, discret et omniprésent
Parmi les substances les plus pointées du doigt figure le cadmium, un métal lourd utilisé dans les engrais phosphatés, très présents dans l’agriculture intensive. Le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste, insiste :
« Il est responsable de l’explosion d’une partie des cancers du pancréas. »
Le cadmium s’infiltre dans la chaîne alimentaire via les cultures contaminées, et l’on en retrouve dans les pommes de terre, les pâtes, les biscuits, le chocolat, les mollusques, les céréales, les abats, les crustacés, les légumes… Autrement dit : dans l’assiette de la quasi-totalité des Français.
L’étude précise que 99 % de la population y est exposée, y compris les plus jeunes. Alarmant : 36 % des enfants de moins de trois ans dépasseraient déjà la dose journalière admissible, selon les relevés les plus récents.
Des effets délétères sur le corps humain
Classé parmi les “polluants éternels”, le cadmium ne se dégrade pas dans l’environnement. Il s’accumule progressivement dans les sols, puis dans les organismes vivants. Ses conséquences sur la santé sont redoutables :
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Atteintes rénales chroniques
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Fragilisation des os
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Altérations respiratoires
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Perturbations métaboliques favorisant les cancers, en particulier celui du pancréas
La gravité de ses effets, combinée à sa diffusion massive, fait du cadmium un danger sanitaire majeur. Pourtant, il reste encore trop peu régulé en agriculture, et largement ignoré dans les débats publics.
Le bio, un rempart partiel mais efficace
Face à cette exposition généralisée, le recours à une alimentation bio apparaît comme un levier essentiel. Non seulement les cultures biologiques excluent l’usage des engrais phosphatés industriels, mais elles permettent aussi de limiter l’ingestion passive de résidus toxiques, comme le souligne le Dr Cocaul.
Il insiste sur l’importance de choisir des produits alimentaires traçables, à commencer par les pâtes :
« Les pâtes françaises sont souvent produites à partir d’engrais marocains, très riches en cadmium. Mieux vaut privilégier les productions italiennes. »
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Ce n’est pas un détail : dans une alimentation moderne fortement industrialisée, le choix de l’origine des aliments devient un acte de prévention.
Des alertes médicales ignorées ?
Le corps médical ne reste pas silencieux. En juin 2025, les médecins libéraux français ont tiré la sonnette d’alarme, alertant les autorités sur les risques sanitaires liés à l’exposition prolongée au cadmium et à d’autres pesticides. Mais selon le Dr Cocaul, les réponses tardent à venir :
« En France, les lobbies industriels freinent toute mesure contraignante. À chaque fois qu’on tente d’agir, ça coince. »
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Ce constat rejoint un malaise plus large autour de la régulation des substances toxiques, dont les conséquences sanitaires commencent à se faire sentir, en particulier dans les cancers à évolution lente comme celui du pancréas.
Une urgence sanitaire silencieuse
Alors que le cancer du pancréas reste l’un des plus meurtriers (avec un taux de survie à cinq ans inférieur à 10 %), la question environnementale est désormais impossible à éluder. L’augmentation du nombre de cas en France ne peut plus être attribuée aux seuls facteurs individuels, et doit interroger les politiques agricoles et industrielles actuelles.