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« Je me suis trompé » : le juge qui a libéré Bertrand Cantat avant le décès de Krisztina Rády revient sur sa décision de l’époque (ZAPTV)

Près de vingt ans après les faits, l’affaire Bertrand Cantat continue de provoquer une onde de choc dans la société française. 

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Le parcours judiciaire de l’ancien chanteur de Noir Désir, reconnu coupable de faits ayant entraîné la mort de Marie Trintignant, soulève aujourd’hui encore des questions douloureuses sur la justice, la récidive et le pouvoir de discernement des magistrats.

Un crime aux répercussions durables

Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, Marie Trintignant est violemment battue par son compagnon, Bertrand Cantat, dans un hôtel à Vilnius, en Lituanie. Plongée dans le coma à la suite de ses blessures, l’actrice succombe le 1er août. Le drame suscite une vive émotion en France et aboutit, en mars 2004, à la condamnation du chanteur à huit ans de prison par la justice lituanienne. Mais après seulement six mois de détention à l’étranger, il est transféré à la prison française du Muret, près de Toulouse, où il bénéficie d’une liberté conditionnelle dès octobre 2007, pour bonne conduite.

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Une remise en liberté controversée

À sa sortie de prison, Bertrand Cantat retourne vivre à Bordeaux auprès de son ex-compagne et mère de ses enfants, Krisztina Rády, qui l’accueille à nouveau sous son toit. Pourtant, en janvier 2010, un nouveau drame survient : Krisztina se suicide par pendaison, laissant derrière elle une lettre d’adieu et un message vocal adressé à ses parents. Elle y évoque les « cris incessants » de l’homme qu’elle avait défendu quelques années plus tôt devant la justice, affirmant alors qu’il ne lui avait jamais porté de coups. Cette tragédie interroge aujourd’hui la pertinence de la libération anticipée de Cantat.

Un juge aujourd’hui rongé par le doute

Invité sur le plateau de C l’hebdo sur France 5, samedi 12 avril, le juge Philippe Laflaquière, ancien juge d’application des peines, a accepté de revenir sur sa décision d’octroyer la liberté conditionnelle à Bertrand Cantat. Il décrit un détenu calme, impliqué dans la vie carcérale, apprécié de ses codétenus et pédagogue : « Il donnait des cours de guitare à ceux qui les demandaient. » Une image qui avait largement pesé dans sa décision. Mais aujourd’hui, l’ancien magistrat avoue : « Peut-être qu’avec du recul, je me suis trompé. »

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Des signaux faibles, une réalité plus sombre

Pour justifier cette remise en liberté, le juge avait pris en compte les efforts d’insertion de l’artiste, sa conduite exemplaire en détention et l’absence de récidive apparente. Pourtant, la mort de Krisztina Rády vient jeter une ombre sur cette lecture. Bouleversé par le suicide de cette femme qu’il n’avait jamais rencontrée, Philippe Laflaquière confie : « Il y a eu tout de suite des interrogations douloureuses. » Le magistrat regrette que des faits de violence n’aient pas été signalés pendant la période conditionnelle, car une plainte formelle aurait très probablement entraîné la révocation de la libération.

Un débat réouvert sur les failles du système

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L’affaire relancée par le documentaire Netflix De rockstar à tueur : le cas Cantat remet en lumière les angles morts de l’évaluation judiciaire, en particulier lorsqu’il s’agit de personnalités médiatiques. La capacité de discernement des magistrats face à des profils manipulateurs, le poids de la réinsertion dans les décisions de libération anticipée, et le silence des victimes sous emprise sont autant de questions brûlantes que ce dossier soulève. Le suicide de Krisztina Rády, trop longtemps passé sous silence, devient aujourd’hui un point central dans cette réévaluation collective.

Le poids d’un verdict dans le temps

Le juge Laflaquière, qui a pris cette décision il y a près de deux décennies, en mesure encore les conséquences aujourd’hui. Sa parole, rare, résonne comme un appel à une justice plus lucide, mieux formée à détecter les signaux faibles, surtout dans les affaires de violences intrafamiliales. Et si Bertrand Cantat n’a jamais été condamné pour des faits postérieurs à la mort de Marie Trintignant, l’ombre de ces deux tragédies hante durablement sa trajectoire publique.

Un homme a payé sa dette à la justice. Mais deux femmes y ont perdu la vie.

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