« J’avais tenté la voie légale… »: sa maison occupée, elle est condamnée pour avoir délogé le squatteur
Épuisée par des mois de procédures et de tensions, Karine Lellouche raconte comment la maison héritée de son père s’est retrouvée au cœur d’un conflit kafkaïen.

Condamnée pour avoir tenté d’expulser un squatteur par des moyens illégaux, elle revient sur une affaire qui met en lumière les failles de la législation anti-squat. Tout commence en septembre, à Andernos, lorsque la maison inoccupée du père de Karine Lellouche — décédé en 2020 — est investie par un homme qui change aussitôt les serrures, le compteur électrique et installe la fibre. La propriétaire entreprend toutes les démarches légales : plainte, demande au préfet, sollicitations répétées auprès des forces de l’ordre. Mais rien n’aboutit. Elle raconte que les gendarmes lui auraient même affirmé qu’elle n’avait « pas intérêt à entrer » dans sa propre propriété.
Le sentiment d’abandon face aux démarches officielles

Ce blocage institutionnel marque ce qu’elle appelle « un point de bascule ». Déjà fragilisée par les frais de succession et un compromis de vente signé avec un promoteur, elle se retrouve dans une impasse : sans l’expulsion du squatteur, impossible de vendre, et donc impossible de payer les droits liés à l’héritage. Face à l’absence de solution, elle dit avoir eu le sentiment que « tout le monde [lui] fermait les portes ».
Une décision illégale qui dégénère
Acculée, Karine Lellouche reconnaît avoir commis « la mauvaise décision » : faire appel à un intermédiaire rencontré sur les réseaux pour recruter deux hommes chargés de déloger le squatteur. Elle verse 5 000 euros à cet intermédiaire ; les deux exécutants sont payés 200 euros chacun. Mais la tentative vire à l’affrontement. Les deux hommes — un Bordelais de 49 ans et un jeune SDF de 22 ans — en viennent aux mains avec l’occupant et utilisent du gaz lacrymogène. Le face-à-face tourne au pugilat, entraînant la condamnation des deux exécutants à dix et douze mois de prison.
Une condamnation lourde malgré un contexte éprouvant

Karine Lellouche, jugée pour complicité de violences aggravées, écope de 12 mois de prison avec sursis. Elle dit assumer son erreur mais regrette la situation qui l’a poussée à agir hors du cadre légal. Fatiguée, elle annonce ne pas vouloir faire appel. Elle estime être devenue un exemple servant à rappeler que « l’on ne doit pas se faire justice soi-même », tout en dénonçant les limites d’une loi anti-squat qu’elle juge inadaptée à certaines réalités.
Une loi anti-squat jugée trop restrictive
Elle pointe notamment la loi Kasbarian, qui prévoit une expulsion sous 72 heures… à condition de prouver une effraction. Or, dans son cas, le squatteur a simplement déclaré avoir trouvé la porte ouverte, et aucune autorité ne lui a jamais demandé sa version, déplore-t-elle. Sans caméra, sans témoin, la preuve est matériellement difficile à apporter, ce qui selon elle laisse de nombreuses familles démunies.





