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« J’ai honte pour cette jeune caissière » : un SDF refoulé d’une boulangerie pour avoir voulu payer en petite monnaie

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Dans une boulangerie de Rennes, un acte banal comme l’achat d’une baguette s’est transformé en scène poignante de rejet social. Devant plusieurs témoins, un sans-abri s’est vu refuser son paiement en pièces rouges, soulevant un malaise collectif sur la façon dont notre société traite les plus vulnérables.

Le samedi 24 mai 2025, dans le centre de Rennes, un simple passage en boulangerie a pris des allures de leçon d’indifférence. Un sans-abri d’une cinquantaine d’années, calme, poli et sobre, entre pour acheter une baguette. Il tend alors à la caissière une poignée de pièces de un, deux et cinq centimes, soigneusement rassemblées, probablement au terme d’un long effort. Mais au lieu d’être accueilli avec un minimum de respect, l’homme se heurte à un refus catégorique : la jeune employée refuse son argent.

Derrière elle, sa responsable ne tente pas de tempérer la situation, bien au contraire. Elle confirme l’exclusion avec une recommandation glaçante : « allez à la banque faire des rouleaux », comme si cela allait de soi pour un homme sans domicile. L’acheteur humilié n’insiste pas. Il quitte les lieux, silencieux, le regard baissé, sans son pain.

Une scène qui glace les témoins

Parmi les clients présents, Jacques Morfouasse a tout vu. Ce lecteur de Ouest France, choqué, a souhaité témoigner. « J’ai eu honte, pour la caissière, pour sa responsable… et pour moi-même, de n’avoir rien dit », confie-t-il. L’homme décrit un client sans-abri qui, malgré son apparence modeste et un léger accent d’Europe de l’Est, s’exprimait dans un français correct et ne présentait aucun trouble. Ce qu’il a vu ce jour-là lui est resté en travers de la gorge.

Pour lui, il ne fait aucun doute que l’établissement aurait dû accepter cette monnaie, même en petites pièces. Non seulement elle est légale, mais elle représente souvent tout ce que possèdent les personnes à la rue. Refuser ces pièces revient à refuser la personne tout entière, à nier son droit d’exister dans l’espace commun.

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Une tentative de réparation

Marqué par ce qu’il venait de voir, Jacques Morfouasse ne s’est pas contenté de sa culpabilité. Une fois sorti du commerce, il a ramassé les pièces tombées à terre, a couru derrière l’homme et lui a rendu sa monnaie. Mais ce n’est pas tout : il lui a également donné un billet, pour qu’il puisse s’acheter son pain dignement. Geste simple, mais empreint d’une profonde humanité, qu’il considère comme « la moindre des choses ».

Ancien caissier bénévole dans une épicerie solidaire, Jacques souligne que jamais il n’aurait songé à refuser un paiement de cette manière, et encore moins à humilier quelqu’un pour sa condition. Ce n’était pas de la pitié, mais une réponse instinctive à une injustice manifeste.

Une société à l’épreuve de l’indifférence

Cette scène soulève une question plus large : qu’attend-on réellement des citoyens face à la misère ? Devons-nous rester dans le silence, sous prétexte que la règle est respectée, ou prendre le risque de la compassion, même imparfaite ? Pour Jacques, la réponse est claire : « Nous n’avons pas toutes les cartes en main pour changer le monde, mais nous avons le pouvoir de le rendre un peu plus humain autour de nous ».

Il conclut son témoignage en évoquant la fable du colibri, cet oiseau minuscule qui tente d’éteindre un incendie en transportant des gouttes d’eau. Une parabole que chacun devrait garder en tête, surtout face à la banalité du mépris. Refuser une poignée de centimes, c’est peut-être, sans s’en rendre compte, piétiner la dignité de ceux qui n’ont déjà plus rien.

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