« J’ai eu un AVC » : le célèbre invité de Léa Salamé rare dans les médias se confie avec classe sur sa disparition
Invité exceptionnel de la matinale de France Inter ce mercredi 22 janvier, le philosophe André Comte-Sponville s’est livré avec une rare sincérité.
Face à Léa Salamé, il a évoqué son nouveau livre, mais aussi son rapport intime à la mort, éclairé par un accident vasculaire cérébral survenu trois ans plus tôt, resté jusqu’ici inconnu du public.
Léa Salamé, en lançant l’entretien avec une remarque sur la vitalité apparente du philosophe, ne s’attendait pas à une telle réponse. André Comte-Sponville a révélé avoir été victime d’un AVC, il y a trois ans. “Je n’ai eu aucune séquelle, mais ça révèle une fragilité”, a-t-il confié. Une déclaration d’autant plus marquante qu’il est habituellement discret sur sa vie privée. Rare dans les médias, le penseur choisit ses mots avec soin — et ce jour-là, ses confidences ont résonné comme une forme d’éveil.
Une réflexion philosophique sur la finitude
Loin de s’attarder sur les détails médicaux, le philosophe a saisi l’occasion pour parler de la mort comme d’un sujet de pensée. Il évoque sans détours ce qu’il nomme “l’opportunité de mourir”. Non pas par désespoir, mais comme une possibilité que la conscience humaine doit pouvoir envisager. “J’aime la vie, et j’espère ne pas avoir besoin de me suicider”, déclare-t-il avec gravité, avant d’ajouter : “Mais si un jour je suis tellement malade, tellement handicapé, tellement souffrant, que la mort me paraît préférable, je réclame le droit de finir.” Une phrase sobre, puissante, qui résume sa position éthique sur la fin de vie.
Une prise de position claire sur l’aide à mourir
Interpellé sur le débat actuel à l’Assemblée nationale, André Comte-Sponville soutient une évolution législative en matière de fin de vie. Pour lui, l’interdiction d’une aide active à mourir constitue une faille éthique majeure dans notre société. “La loi actuelle interdit toute aide active à mourir, même si vous souffrez atrocement d’une maladie incurable”, rappelle-t-il. À ses yeux, il ne s’agit pas d’un simple débat médical, mais d’une question de liberté fondamentale et de dignité humaine.
Une critique implicite de l’inaction politique
Léa Salamé rappelle que la réforme sur la fin de vie était l’un des grands projets annoncés par le gouvernement. François Bayrou a notamment évoqué la volonté de dissocier soins palliatifs et aide à mourir dans deux textes distincts. Pour Comte-Sponville, ces deux dimensions sont certes complémentaires, mais doivent être envisagées ensemble, sans que l’une soit un prétexte pour évacuer l’autre. Sa voix, posée mais déterminée, milite pour un bouleversement législatif qui tarde à venir.
Une pensée vivante face à la mort
Au-delà de l’entretien, c’est tout le propos de son livre L’opportunité de vivre : dernières études qui prend ici sens. André Comte-Sponville parle de la mort non comme d’un tabou, mais comme d’un élément central de la condition humaine. Philosopher, disait Montaigne, c’est apprendre à mourir. Et à 72 ans, l’auteur de Petit traité des grandes vertus en fait une démonstration bouleversante, sans pathos ni peur. Seulement une lucidité aiguë, forgée par l’expérience et mûrie par la pensée.