« Il mérite le respect » : Emmanuel Macron refuse de retirer la Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy
La récente condamnation judiciaire de Nicolas Sarkozy relance une question sensible : doit-il conserver sa Légion d’honneur ?
En déplacement à Madagascar, Emmanuel Macron a été interpellé sur ce point. Sans s’immiscer dans la décision finale, le président a tenu à exprimer une position nuancée mais ferme.
Alors qu’il se trouvait à Madagascar, le 24 avril, Emmanuel Macron a dû faire face à une question délicate sur le sort de la Légion d’honneur de Nicolas Sarkozy, récemment condamné dans le cadre de l’affaire dite des « écoutes ». Le chef de l’État, prudent, a rappelé son devoir de neutralité. « Il y a des décisions de justice et le président de la République que je suis n’a pas à les commenter », a-t-il affirmé, selon des propos relayés par BFMTV.
En sa qualité de grand maître de l’ordre national de la Légion d’honneur, le président de la République incarne pourtant une autorité décisive dans le maintien ou le retrait de cette prestigieuse distinction. Il a donc tenu à clarifier sa position personnelle, sans interférer directement avec les processus institutionnels.
Une position personnelle assumée
S’il se refuse à toute ingérence dans le fonctionnement de la justice ou dans le processus décisionnel de l’ordre, Emmanuel Macron n’en a pas moins partagé une conviction intime : retirer la Légion d’honneur à Nicolas Sarkozy serait une erreur. « Compte tenu du fait qu’il a été élu président par le peuple souverain, il y a maintenant un peu plus de dix ans, je pense qu’il mérite le respect », a déclaré le chef de l’État.
Il a insisté sur l’importance de considérer la dimension historique et institutionnelle de la fonction présidentielle : « De mon point de vue, de là où je suis, je pense que ça ne serait pas une bonne décision. » Ce propos, tout en restant dans les limites protocolaires, marque clairement le soutien d’Emmanuel Macron à son prédécesseur.
Une condamnation définitive qui change la donne
Mais malgré ce soutien verbal, le droit est clair. En décembre 2023, la Cour de cassation a confirmé la condamnation de Nicolas Sarkozy à trois ans de prison, dont un an ferme sous bracelet électronique. Cette peine a été prononcée pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire des écoutes, impliquant également son avocat Thierry Herzog et un magistrat.
Selon le code régissant l’ordre de la Légion d’honneur, toute personne condamnée à une peine de prison ferme supérieure ou égale à un an est, « de droit », exclue. Cette disposition ne laisse normalement aucune marge d’interprétation, même si le nom en cause est celui d’un ancien chef de l’État. L’ordre tranchera officiellement dans les prochains mois.
Un symbole au-delà de la peine
La perspective d’une exclusion suscite un débat profond, entre rigueur judiciaire et reconnaissance du rôle passé. Pour certains, retirer la Légion d’honneur revient à rappeler que nul, pas même un ancien président, n’est au-dessus des lois. Pour d’autres, c’est une mesure trop sévère, qui occulte l’ensemble d’un parcours politique et les fonctions suprêmes exercées.
Le soutien d’Emmanuel Macron, aussi mesuré soit-il, s’inscrit dans cette ligne de retenue respectueuse, mais révèle aussi une volonté d’apaiser les tensions symboliques autour de cette affaire. À travers cette déclaration, le président renforce le message d’une République fondée sur l’équilibre : respect des institutions, mais aussi mémoire des responsabilités assumées.