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« Il faut savoir écouter et bouger » : Élisabeth Borne favorable à une « suspension » de sa réforme des retraites

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Alors que la France traverse une crise politique sans précédent, un symbole majeur du macronisme vacille : la réforme des retraites.

L’ancienne Première ministre Élisabeth Borne, longtemps figure de proue de cette mesure impopulaire, a créé la surprise en se déclarant favorable à sa suspension. Une volte-face qui bouleverse le camp présidentiel et relance un débat explosif au cœur d’un gouvernement déjà en déroute.

Mardi 7 octobre, Élisabeth Borne a pris tout le monde de court. Celle qui incarnait la fermeté du gouvernement lors de l’adoption controversée de la réforme des retraites en 2023 a estimé qu’il était temps de “savoir écouter et bouger”. Une déclaration choc venant de la “mère” d’une loi qui avait déclenché des mois de contestation et fracturé durablement l’opinion publique.
Cette annonce intervient dans un climat d’instabilité extrême : après la démission éclair de Sébastien Lecornu, l’exécutif tente de sauver les apparences. Et tandis que le Premier ministre démissionnaire mène “d’ultimes négociations” pour éviter le chaos budgétaire, la suspension de la réforme devient soudain un levier politique inattendu pour relancer le dialogue.

Suspendre la réforme : juridiquement possible, politiquement risqué

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Concrètement, suspendre ou abroger la réforme des retraites nécessiterait l’adoption d’une nouvelle loi. Une procédure longue, surtout dans un contexte où le gouvernement, démissionnaire, ne peut agir que sur les “affaires courantes”.
Selon Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste, “la seule voie serait d’échelonner l’application de la réforme dans un sens qui reviendrait à la suspendre, via un moratoire”. Mais cela suppose qu’un nouveau gouvernement soit nommé et qu’un texte soit adopté par le Parlement — un parcours semé d’embûches dans un pays où aucune majorité claire ne se dégage.
Et même si un tel texte voyait le jour, il serait inévitablement longuement débattu et amendé, sauf à recourir une fois de plus au 49.3, au risque de provoquer une motion de censure.

Un coût budgétaire colossal

Le sujet ne se résume pas à une question de procédure : les finances publiques seraient directement impactées. Selon Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, revenir à un âge légal de départ à 62 ans creuserait le déficit de plus de 10 milliards d’euros à l’horizon 2035, auxquels s’ajouteraient 6,6 milliards en 2030.
Le ministre démissionnaire de l’Économie, Roland Lescure, prévient lui aussi : “Modifier la réforme des retraites va coûter des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027.
Le “contre-budget” socialiste, étudié par Bercy fin septembre, envisage plusieurs pistes pour compenser : une “taxe Zucman” sur les grandes fortunes, une refonte de la fiscalité des dividendes et un meilleur encadrement des plus-values. Mais ces propositions divisent profondément, y compris au sein de la majorité présidentielle.

Entre ouverture et embarras dans le camp présidentiel

Du côté du camp macroniste, la fracture est désormais ouverte. Si Agnès Pannier-Runacher appelle à “temporiser sans reculer”, d’autres, comme Stéphanie Rist, refusent tout compromis : “La réforme est nécessaire. Il ne faut jamais choisir la voie de la facilité.
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, se dit “gênée” par cette idée de suspension, estimant qu’elle ne pourrait s’inscrire que “dans un deal global”.
François Bayrou, quant à lui, reste fidèle à sa ligne : pas question d’un retour en arrière. En revanche, certains de ses proches, comme Geneviève Darrieussecq, estiment qu’un moratoire temporaire pourrait permettre de “relancer le dialogue social”.

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L’opposition s’engouffre dans la brèche

À gauche, l’heure est à la satisfaction prudente. Olivier Faure (PS) salue un “réveil tardif, mais positif”. Raphaël Glucksmann parle d’un “chemin pour obtenir la suspension”, tandis que Fabien Roussel (PCF) ironise : “Il en aura fallu du temps à Élisabeth Borne pour comprendre que sa réforme rejetée par 80 % des Français était un problème démocratique et social.
Les syndicats, de leur côté, voient dans cette déclaration un tournant majeur. Pour Sophie Binet (CGT), “la volte-face est un aveu : la réforme est un échec.” Marylise Léon (CFDT) y voit “un signal positif pour la reprise du dialogue et l’adoption d’un budget apaisé”.

Une droite vent debout

Chez Les Républicains, la réaction est tout autre. Agnès Evren, porte-parole du parti, dénonce une “ligne rouge franchie” et fustige “un signal envoyé à la gauche”. Pour elle, “c’est grotesque de les voir supprimer leur propre réforme. Dix milliards de plus par an ? Les Français paieront la note !
Quant au Rassemblement national, il n’épargne ni les macronistes ni les socialistes. Edwige Diaz, députée RN, dénonce “un leurre qui transpire l’opportunisme de deux camps aux abois”, accusant les deux formations d’être “prêtes à tout pour garder leurs sièges quelques semaines de plus”.

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Une réforme devenue symbole d’usure politique

Trois ans après son adoption au forceps, la réforme des retraites revient hanter le macronisme finissant. Longtemps présentée comme “le marqueur du courage politique”, elle est désormais le fardeau d’un pouvoir en perte d’autorité.

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