« Il est médiocre », Patrick Cohen, le chroniqueur d’Anne-Élisabeth Lemoine, fracassé par la mère d’Elias, adolescent décédé en plein Paris
Cinq mois après le drame, la douleur est intacte, et la colère, elle, grandit. La mère d’Elias, adolescent de 14 ans tué à la machette en janvier à Paris, dénonce avec force non seulement la violence qui a coûté la vie à son fils, mais aussi le traitement médiatique qu’elle juge indigne et réducteur. Une indignation qui vise notamment le journaliste Patrick Cohen.
Invitée ce jeudi 26 juin dans l’émission Punchline sur CNews et Europe 1, la mère d’Elias a dénoncé le récit véhiculé dans certains médias, qu’elle accuse de travestir la réalité et de minimiser la gravité de l’acte. Son principal grief : un éditorial signé Patrick Cohen sur France Inter, dans lequel le journaliste évoquait la mort d’Elias comme consécutive à un refus de céder son téléphone portable à ses agresseurs.
« Ce que fait Patrick Cohen, c’est prendre parti », affirme-t-elle, visiblement bouleversée. Pour elle, présenter les faits sous cet angle revient à sous-entendre une forme de responsabilité indirecte de la victime. Elle dénonce ce qu’elle appelle un “biais cognitif”, c’est-à-dire une interprétation des faits qui laisse entendre que le jeune garçon aurait pu éviter la mort s’il avait simplement obtempéré.
« C’est comme dire qu’une femme violée ne l’aurait pas été si elle n’avait pas porté de minijupe », lance-t-elle avec fermeté. Pour cette mère, ces propos sont non seulement infondés sur le plan judiciaire – l’enquête est toujours en cours – mais surtout indécents au regard de la souffrance des proches.
Une accusation de partialité et de médiocrité
Patrick Cohen, souvent salué pour son ton mesuré et sa rigueur journalistique, est ici accusé de manquer à sa responsabilité professionnelle. « C’est un journaliste censé être rigoureux – on voit là qu’il ne l’est pas, qu’il est médiocre », martèle la mère d’Elias, ulcérée par ce qu’elle perçoit comme une tentative de rationaliser un acte d’une violence extrême.
À ses yeux, aucune circonstance ne peut atténuer la brutalité du meurtre. L’évocation d’un vol de téléphone comme élément déclencheur est vécue comme une offense, comme si l’on cherchait à expliquer l’inexplicable, à insérer une logique dans ce qui ne peut être que pur déchaînement de violence.
Une dénonciation plus large : celle de l’inaction politique
Au-delà du traitement médiatique, la mère d’Elias interpelle aussi les pouvoirs publics. Elle fustige l’inaction des autorités face à ce qu’elle décrit comme une montée alarmante de la violence chez les jeunes. Pour elle, le meurtre de son fils n’est pas un fait divers isolé, mais le symptôme d’un climat social et éducatif dégradé, où les armes blanches circulent trop facilement et où l’impunité semble régner.
Elle appelle à des mesures fortes et immédiates, non seulement pour endiguer cette spirale de violences, mais aussi pour rétablir la confiance des familles dans l’État de droit.
Un débat sensible sur les mots et leur pouvoir
Cette affaire met une fois de plus en lumière la responsabilité des journalistes dans le choix de leurs mots, particulièrement quand il s’agit de sujets aussi sensibles. Décrire sans accuser, informer sans interpréter prématurément, respecter sans infantiliser : un équilibre difficile, mais essentiel.
Dans ce cas, le récit médiatique est perçu par la famille comme une forme d’abandon, une trahison symbolique qui s’ajoute au drame vécu. En l’absence de vérité judiciaire pleinement établie, la prudence s’impose plus que jamais, tant dans les salles de rédaction que dans les studios de radio.