Hôpitaux : Un mari contraint de payer 200€ de parking pour rester au chevet de sa femme en fin de vie
La question des parkings payants dans les hôpitaux français a pris une ampleur nationale. Familles, soignants et élus dénoncent une marchandisation du service public qui pèse lourdement sur les patients et leurs proches. Le débat dépasse désormais la simple question financière pour devenir un enjeu politique et éthique.
Depuis plusieurs mois, les plaintes se multiplient face aux prix pratiqués dans les parkings hospitaliers privatisés. À Saint-Étienne, un visiteur confiait que la facture pouvait atteindre 400 euros par mois pour rendre visite à un proche hospitalisé, une somme insupportable pour de nombreuses familles. À Nancy, la colère enfle, notamment à travers l’action des collectifs citoyens qui recueillent des témoignages bouleversants. L’un d’eux, celui d’un mari contraint de débourser 20 euros par jour pour veiller son épouse dans le coma, illustre l’indignation générale : « C’est un business honteux », résume-t-il.
Une contestation citoyenne organisée
Les mobilisations se multiplient devant les hôpitaux. À Nancy, le Collectif Gilets Jaunes Actions nationales et l’Association citoyenne Nancy-Sud mènent campagne pour dénoncer ces pratiques. Plus de 6 000 personnes ont déjà apporté leur soutien à la cause, signe que l’indignation dépasse le cercle des familles directement touchées. Pour l’ethnosociologue Joe Labat, ce mouvement est révélateur : « On ne devrait pas entrer dans un hôpital comme dans une entreprise. Non à la marchandisation du soin ! ».
Des hôpitaux contraints à des choix budgétaires
De nombreux établissements justifient la délégation de leurs parkings à des groupes privés pour concentrer leurs ressources sur l’achat de matériel médical. À Cambrai, la direction a opté pour ce modèle, offrant seulement quinze minutes gratuites avant d’imposer un tarif de deux euros l’heure, jusqu’à 11 euros par jour. Si certains usagers acceptent cette logique de service payant, d’autres y voient une rupture avec la vocation du service public hospitalier. Les grands concessionnaires comme Indigo, Effia ou Q-Park se partagent désormais ce marché lucratif, renforçant le sentiment d’une dérive commerciale.
À Saint-Étienne, un symbole de la colère
Dans cette ville, l’opérateur Effia a réduit le temps de stationnement gratuit de deux heures à seulement trente minutes. Pour les usagers, la mesure est vécue comme une provocation. Les protestations se multiplient, des pétitions circulent, et certains choisissent les transports en commun faute de solutions adaptées. François Berre, usager régulier, qualifie la situation de « particulièrement honteuse », un avis largement partagé par les syndicats et associations locales.
Une réponse politique en préparation
Face à cette contestation grandissante, plusieurs élus de La France insoumise veulent agir. Raphaël Arnault, Sandrine Nosbé et Pierre-Yves Cadalen préparent une proposition de loi instaurant la gratuité du stationnement pour patients et personnels hospitaliers. Selon eux, faire payer ces usagers revient à poser un « frein supplémentaire à l’accès au soin », une logique inacceptable pour un service public. Leur texte prévoit la fin des concessions privées et la résiliation des contrats en cours, l’État s’engageant à compenser les coûts pour les hôpitaux.
Entre dignité et marchandisation
La bataille autour du stationnement hospitalier révèle un débat de fond sur la place de la solidarité dans le système de santé. Les partisans de la gratuité y voient un enjeu d’équité et de dignité, tandis que les directions hospitalières invoquent des impératifs budgétaires. Le clivage met en lumière deux visions irréconciliables : celle d’un hôpital refuge solidaire et celle d’un hôpital soumis à une logique économique. Le Parlement sera désormais le théâtre de cette confrontation, qui pourrait redéfinir la manière d’accueillir les usagers dans les établissements de santé.