Guillaume Meurice face à Radio France pour contester son licenciement
Devant les prud’hommes de Paris, Guillaume Meurice entend désormais transformer son licenciement en bataille de principe.

Un an après son éviction de Radio France, l’humoriste espère faire reconnaître que la sanction prononcée contre lui dépasse son cas personnel et interroge les limites de la liberté d’expression dans l’audiovisuel public.
Le limogeage de Guillaume Meurice, en juin 2024, avait provoqué une onde de choc au sein de France Inter. L’humoriste, accusé de “faute grave”, contestait alors le reproche principal : avoir qualifié Benjamin Netanyahu de “nazi sans prépuce”. Une déclaration déjà sanctionnée par un avertissement dès novembre 2023, dans un contexte marqué par l’attaque du Hamas et le début de la guerre à Gaza. Cette première polémique avait valu à la radio publique une mise en garde de l’Arcom et déclenché des accusations d’antisémitisme contre l’humoriste.
Une affaire judiciaire et médiatique étroitement surveillée

Entendu dans une enquête pour provocation à la haine, Guillaume Meurice avait finalement vu la procédure classée sans suite, faute d’infraction clairement “caractérisée”. Se disant blanchi par la justice, il avait réitéré ses propos en avril 2024, déclenchant une nouvelle vague de critiques. Quelques semaines plus tard, la sanction tombait : suspension, puis licenciement immédiat, malgré l’opposition de syndicats et d’une partie de la rédaction. Pour nombre de salariés, cette décision constituait un précédent inquiétant pour la liberté éditoriale et satirique de France Inter.
La direction justifie une “déloyauté répétée”
Dans un message adressé au personnel, la présidente Sibyle Veil défendait la mesure. Selon elle, Guillaume Meurice avait “ignoré” l’avertissement interne et la mise en garde de l’Arcom, témoignant d’une déloyauté incompatible avec ses obligations contractuelles. L’humoriste, lui, dénonçait une décision idéologique, évoquant une prétendue influence de l’extrême droite et accusant la hiérarchie de céder à une “soif d’obéir”. Cette fracture a entraîné le départ de plusieurs chroniqueurs solidaires, qui ont rejoint Meurice sur Radio Nova à la rentrée 2024.
Un combat présenté comme collectif
À l’approche de l’audience prud’homale, Guillaume Meurice a refusé de commenter en profondeur le dossier mais insiste sur l’importance du débat. Selon lui, le tribunal doit répondre à une question essentielle : peut-on licencier un humoriste pour une blague que la justice a jugée conforme au droit ? Dans un entretien à L’Humanité, il qualifie ce procès de “décisif”, estimant que son issue pourrait affecter durablement le secteur de la satire radiophonique.
Les arguments de la défense : liberté d’expression et abus contractuel
L’avocat de Guillaume Meurice, Me Hugues Dauchez, rejette toute faute professionnelle. Il affirme que le licenciement porte atteinte à la liberté d’expression et demande son annulation. La défense réclame également la requalification en CDI de la relation contractuelle, l’humoriste ayant signé – depuis 2012 – près de 250 CDD d’usage, une pratique qu’elle juge contraire au droit du travail. L’indemnisation réclamée atteint plusieurs dizaines de milliers d’euros.







