Francis Lalanne, figure singulière de la chanson française, connaît en 2025 une traversée du désert faite de solitude, de maladie et de revers financiers.

Révélé par son frère dans les années 80, l’artiste aux idéaux flamboyants s’est peu à peu marginalisé, jusqu’à devenir l’ombre de celui qu’il fut jadis, sur scène comme dans les médias. Au milieu des années 80, alors que Jean-Jacques Goldman règne sur les ondes, Francis Lalanne surgit avec un style totalement décalé. Cheveux longs, cuissardes, poésie romantique : son univers tranche avec les sons synthétiques de l’époque. En 1986, c’est grâce à son frère René Manzor, réalisateur du film Le Passage avec Alain Delon, qu’il se fait connaître. Lalanne y signe la ballade « On se retrouvera », un titre mélancolique qui devient un classique immédiat.

Porté par ce premier succès, il intègre le Top 50 et enchaîne avec « Reste avec moi », confirmant son entrée dans le paysage musical français. Son style, fait de lyrisme et de mélancolie, attire un public sensible à une poésie hors du temps, à rebours des tendances dominantes. Loin des tubes calibrés, il choisit le spleen et l’intensité émotionnelle.

Une voix engagée devenue cri marginal

Dès ses débuts, Francis Lalanne assume un engagement politique et humaniste fort. Défenseur de l’écologie, des migrants, de la justice sociale, il rejoint sans surprise le mouvement des Gilets jaunes, où il retrouve un écho à sa révolte personnelle. Mais la crise du COVID-19 marque un tournant radical. L’artiste, autrefois perçu comme un poète engagé, bascule dans un discours plus radicalisé.

Il tient des propos complotistes assumés, relayant des fake news, critiquant le système sanitaire et appelant même à des actions subversives contre le gouvernement. Résultat : banni des réseaux sociaux, rejeté par une partie des médias, il devient une figure controversée, davantage connue pour ses outrances que pour son répertoire musical. Ses coups d’éclat médiatiques, notamment face à Éric Naulleau, enflamment les plateaux télé mais le marginalisent définitivement.

Le poids du silence et la descente aux enfers

En 2025, Francis Lalanne refait surface dans une interview accordée à Jordan de Luxe, où il livre un témoignage aussi brut que poignant. L’homme aux mots fiévreux annonce être atteint d’un cancer, aujourd’hui en rémission. Fait notable : il affirme avoir refusé les traitements classiques pour recourir à une thérapie alternative non autorisée en France, ce qui alimente une fois de plus les polémiques.

Mais c’est sur le plan personnel que l’émotion transparaît le plus. Père de cinq enfants, dont une petite fille de 16 mois, Lalanne confie vivre dans une grande précarité financière. « Il faut acheter des couches… Je donne des cours de guitare, je fais du coaching », explique-t-il, ajoutant qu’il vient à peine de solder ses dettes accumulées au fil des années. « Je ne peux pas payer mon loyer », dit-il avec une sincérité désarmante.

Un artiste à contre-courant devenu persona non grata

Son parcours, autrefois glorieux, semble désormais balayé par les controverses et les revers personnels. Francis Lalanne affirme être « censuré médiatiquement », évoquant un système qui ne lui laisse plus de place. Sa proximité passée avec l’humoriste polémique Dieudonné ajoute à la défiance dont il est désormais victime dans l’espace public.

Et pourtant, malgré la maladie, la pauvreté, l’isolement, il continue de revendiquer sa liberté de ton et son indépendance d’esprit, refusant de plier à la norme ou au politiquement correct. Francis Lalanne reste fidèle à lui-même, entre révolte et résilience.