À 66 ans, Francis Lalanne a révélé pour la première fois avoir combattu un cancer, lors d’un entretien avec Jordan de Luxe. Son amaigrissement spectaculaire – 35 kilos en moins – avait suscité l’inquiétude. D’abord évasif, il finit par lâcher sobrement : « Je suis en rémission. » Une phrase lourde de sens, surtout chez un homme qui se montre rarement vulnérable face caméra.

Mais ce n’est pas le diagnostic qui surprend, c’est la manière dont il affirme s’être soigné. Lalanne dit avoir refusé la chimiothérapie, privilégiant des pratiques non reconnues en France. « Je n’ai pas suivi de traitement traditionnel. Je n’ai pas le droit d’en parler », glisse-t-il, mystérieux. Une déclaration qui ne manquera pas de diviser, à l’image du personnage.

Dieudonné, allié inattendu dans l’épreuve

Au-delà de la médecine parallèle, c’est un autre soutien, pour le moins inattendu, que Francis Lalanne évoque avec émotion : Dieudonné. L’humoriste controversé aurait contribué à sa guérison morale. « Son sketch sur le cancer m’a permis d’en rire. Ça m’a fait du bien. Il a aidé beaucoup de gens, moi le premier », confie-t-il.

Cette alliance étonne, mais ne surprend pas chez Lalanne, fidèle à ceux qu’il considère comme “infréquentables” par les circuits traditionnels, et qui se refusent à jouer le jeu des apparences. Dans la douleur, c’est l’humour noir et subversif de Dieudonné qui l’aurait aidé à tenir. Une preuve supplémentaire que, pour lui, l’art a toujours été une forme de résistance – y compris face à la maladie.

Une carrière sous le signe de l’indépendance

Depuis ses débuts dans les années 80 avec On se retrouvera ou Reste avec moi, Francis Lalanne s’est construit en dehors des sentiers battus. À la fois auteur, compositeur, chanteur, poète, comédien, il n’a jamais accepté d’être réduit à une seule étiquette. Sa voix singulière, ses textes parfois incandescents et sa silhouette d’écorché vif l’ont rendu inclassable, autant adoré que moqué.

Mais ces dernières années, c’est surtout comme militant qu’il s’est fait entendre. Symbole du mouvement des Gilets jaunes, figure radicale contre les politiques sanitaires, défenseur farouche des libertés individuelles, il a souvent suscité la controverse. En 2021, sa tribune appelant à “destituer Emmanuel Macron” dans France Soir a déclenché une tempête médiatique, tout comme son refus du port du masque en plateau et ses critiques virulentes des vaccins anti-Covid.

Une ligne de conduite sans compromis

Dans tout ce qu’il fait, Francis Lalanne semble mû par une même logique : celle du refus des conventions, qu’elles soient sociales, politiques ou médicales. Cette dernière révélation sur sa maladie ne fait que confirmer son attachement profond à une forme d’autonomie radicale, où le choix personnel prime sur l’avis dominant. Qu’on partage ou non ses opinions, il incarne une cohérence rare, parfois déroutante, mais toujours entière.

À l’heure où il se relève d’un combat intime, Francis Lalanne ne réclame ni compassion ni approbation. Il témoigne, avec ses mots et ses silences, de son chemin singulier dans la maladie, fidèle à sa trajectoire de franc-tireur. Une façon de dire que même face au cancer, on peut choisir sa propre vérité, même lorsqu’elle dérange.