« Fini les semences stupides » : cette banque de sperme refuse désormais les donneurs dont le QI est inférieur à 85
Au Danemark, la décision de la banque de sperme Donor Network d’imposer un seuil minimal de QI pour ses donneurs fait l’effet d’un électrochoc.

Présentée comme une démarche de “qualité”, cette sélection soulève de vives questions éthiques, scientifiques et sociétales, tant elle semble réduire l’avenir d’un enfant à un chiffre présenté comme décisif. Donor Network l’assume pleinement : désormais, seuls les hommes ayant obtenu au moins 85 au test de QI peuvent devenir donneurs. La société met en avant un objectif de cohérence et de “transparence” envers les futurs parents. Son slogan, « Fini les semences stupides », se veut provocateur et marque une rupture nette avec les pratiques habituelles du secteur.
Le Dr Jakob Schöllhammer Knudsen, qui dirige l’établissement, défend fermement cette orientation. Selon lui, écarter environ 20 % des candidats serait un moyen de garantir la qualité du service : « Ce n’est pas éthique de vendre quelque chose dont je ne peux pas garantir la qualité », affirme-t-il.
Une exigence supplémentaire : un casier judiciaire vierge

Le nouveau filtre ne s’arrête pas au QI. Donor Network demande désormais que tout donneur présente un casier judiciaire vierge, ce que l’entreprise considère comme un gage supplémentaire de “réussite future” pour l’enfant.
Le directeur va même plus loin, laissant entendre que ces critères pourraient optimiser les chances de réussite financière ou sociale du futur enfant. Une vision qui place clairement l’intelligence — mesurée de manière très discutable — au cœur de la sélection génétique.
La science rappelle les limites du QI et les dangers de cette logique
Cette orientation inquiète de nombreux spécialistes. Le QI est un indicateur imparfait, qui ne mesure qu’une portion très spécifique des capacités humaines. Prétendre qu’un QI élevé garantirait un enfant “plus doué” relève d’une interprétation scientifiquement fragile, voire trompeuse.
En Suède, Daniela Cutas, professeure d’éthique médicale à l’université de Lund, met en garde : ce type de promesse crée des attentes irréalistes qui peuvent peser lourd sur les épaules de l’enfant. Si les parents croient qu’un score cognitif garantit un certain destin, la pression émotionnelle et psychologique peut être considérable.
L’intelligence ne se résume pas à un résultat de test

Les experts le rappellent : la génétique ne décide pas seule du destin d’un enfant. Le QI peut influencer certains aspects, mais le statut socio-économique, l’environnement affectif, l’éducation, la santé et les relations sociales jouent un rôle tout aussi déterminant dans le développement.
« Sans une interprétation professionnelle, un test de QI ne veut pas dire grand-chose », insiste la chercheuse. Croire qu’un chiffre puisse prédire la réussite d’un individu revient à surestimer la biologie et sous-estimer la complexité humaine.
Le choix de Donor Network flirte avec une logique eugéniste, même si l’entreprise s’en défend. En sélectionnant des donneurs sur la base d’un critère cognitif, elle brouille les lignes entre médecine et idéologie, entre désir d’enfant et recherche d’un “profil parfait”.
Ce tournant s’inscrit dans un débat plus large : celui de la marchandisation du sperme, de la pression sur les donneurs et des critères imposés pour répondre à une demande de plus en plus exigeante.






