«Est-ce que vous pouvez répondre à nos questions ?» : échange tendu entre Sarah Knafo et une journaliste de France Inter
L’émission « Questions politiques » sur France Inter a viré à l’affrontement ce dimanche 4 mai.
Invitée à répondre sur des sujets sensibles, Sarah Knafo, eurodéputée du parti Reconquête, s’est retrouvée au cœur d’un échange tendu avec les journalistes, notamment autour du meurtre d’Aboubakar Cissé et de l’instrumentalisation du drame de Lola.
Une tension palpable dès les premières questions
L’ambiance sur le plateau était électrique lorsque Sarah Knafo a été interrogée sur le meurtre d’Aboubakar Cissé, poignardé à 57 reprises dans une mosquée du Gard. Un crime d’une violence extrême, que certains n’hésitent pas à qualifier d’acte islamophobe, mais que la députée européenne a refusé d’interpréter ainsi. Dès le début de son intervention, elle s’est heurtée à Carine Bécard, journaliste de France Inter, qui a tenté de recentrer l’échange : « Ce n’est pas la question d’Alix Bouilhaguet ». Ce à quoi Knafo a rétorqué : « C’est ma réponse », entraînant une série de rappels à l’ordre sur la nécessité de répondre précisément aux questions posées.
Accusations et malaise sur le plateau
Face à l’insistance des journalistes, Sarah Knafo a accusé la station de « célébrer les manifestations » organisées après le meurtre d’Aboubakar Cissé, manifestations auxquelles ont participé plusieurs figures de La France insoumise. La journaliste a immédiatement corrigé : « On n’a pas célébré, on vous informe de leur existence, c’est tout ». Malgré cette mise au point, la députée a maintenu son accusation, revendiquant une perception personnelle des traitements médiatiques. Un désaccord de fond, symptomatique de la défiance croissante entre une partie de la classe politique et les médias traditionnels.
Dérapage autour du souvenir de Lola
L’échange s’est envenimé lorsque Sarah Knafo a évoqué le meurtre de la jeune Lola, drame tragique survenu en 2022 et régulièrement cité par l’extrême droite dans ses discours. « Là, on est hors sujet », ont répliqué d’une même voix Carine Bécard et Alix Bouilhaguet. Les journalistes ont alors rappelé que les parents de Lola avaient expressément demandé que l’image de leur fille ne soit pas utilisée à des fins politiques, et que Reconquête avait supprimé plusieurs noms de domaines liés à la jeune victime. Ce rappel a immédiatement été contesté par Sarah Knafo, qui a qualifié cette version de mensongère.
Des propos contestés, une famille endeuillée au cœur du débat
« La mère de Lola a pris la parole il y a à peine deux mois. Elle a dit que les hommages publics l’avaient aidée à tenir », a lancé Knafo, balayant les accusations d’instrumentalisation. Elle a ajouté, non sans émotion : « Madame, s’il vous plaît, n’inventez pas de propos à cette pauvre famille dont le père est mort de chagrin ». Un moment particulièrement lourd, où le chagrin familial a été opposé aux précautions journalistiques, chacun campant sur sa légitimité à évoquer cette douleur.
Cet échange musclé illustre les tensions croissantes entre certaines figures politiques et les médias publics, notamment lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles que le racisme, la religion ou les violences. Sarah Knafo, fidèle à la ligne de son parti, a maintenu une posture combative, refusant de se plier au cadre imposé par les journalistes. En face, les animatrices ont défendu la rigueur journalistique et le respect du cadre déontologique, notamment lorsqu’il s’agit de drames humains.