Huit années à l’Élysée, une popularité contrastée, des amitiés brisées et des rivalités consolidées : le parcours d’Emmanuel Macron à la tête de l’État français n’aura rien d’un long fleuve tranquille.

Entre confidences de son épouse et critiques acérées de ses anciens camarades, l’homme derrière le costume présidentiel apparaît plus clivant que jamais.

Dans l’ombre d’un président ambitieux, Brigitte Macron veille avec constance. Depuis le début de son ascension politique, Emmanuel Macron peut compter sur le soutien indéfectible de son épouse, qui n’a jamais cherché à freiner ses ambitions, bien au contraire. Lors d’une interview accordée à TF1 en 2020, elle confiait : « C’est lui qui est habité. C’est lui qui voulait. Moi, je n’ai eu qu’à l’accompagner. » Une déclaration qui en dit long sur la force de volonté d’un homme que le pouvoir attire depuis toujours.

Une charge présidentielle qui pèse lourd

Depuis mai 2017, Emmanuel Macron s’est métamorphosé sous le poids de la fonction. À travers les mots de Brigitte Macron, on devine l’ampleur du fardeau : « Une chape de responsabilités, de gravité lui est tombée dessus. » Cette évolution, tous les présidents de la République la connaissent, mais rares sont ceux qui la vivent sous un tel feu médiatique. Entre crises sociales, pandémie, guerre en Ukraine et défi climatique, son mandat aura été de tout sauf repos.

Des oppositions frontales et tenaces

Mais la stature présidentielle n’empêche pas les critiques de fuser, bien au contraire. Parmi ses opposantes les plus virulentes, Marine Le Pen, éternelle rivale, n’a pas mâché ses mots dans ses vœux de fin d’année 2024. Elle a qualifié Emmanuel Macron de « chef de l’État définitivement déconsidéré », un tacle assumé qui résume le fossé idéologique et personnel qui les sépare. L’antagonisme entre les deux figures politiques est devenu presque institutionnel, tant il s’est inscrit dans la durée.

Boris Vallaud, l’ami devenu adversaire

Il n’y a pas que les opposants politiques classiques qui s’en prennent au président. Boris Vallaud, député socialiste, est un ancien camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA. Autrefois proches, les deux hommes ne se parlent plus vraiment aujourd’hui. En 2020, sur RTL, Vallaud confiait avec une honnêteté désarmante : « On est un peu fâchés, je ne vous le cache pas. J’ai un désaccord politique profond avec lui. » Ce divorce entre deux parcours jadis parallèles est aussi le reflet d’un clivage générationnel au sein même des élites françaises.

De la vision au sarcasme : le coup de griffe du camarade

Un an plus tard, Boris Vallaud revient à la charge. Cette fois sur Europe 1, il brosse un portrait acide de l’ancien élève devenu président. « Il ne savait pas bien s’il serait un grand philosophe, un grand capitaine d’industrie ou un petit président. » Une pique cinglante qui résume à elle seule la perception ambivalente que suscite Emmanuel Macron, y compris chez ceux qui l’ont connu de près. Derrière le compliment sur la « grande force » de croire en son destin, c’est un jugement sévère sur son action à la tête du pays qui se dessine.

Ce constat est d’autant plus cruel que le président peine parfois à entendre les critiques, même les plus mesurées. Boris Vallaud, en quête d’une autre voie pour la gauche, insistait récemment sur France Inter : « Il ne faut pas décevoir les Français… nous n’avons pas été élus que par nos électeurs de gauche. » Une manière de rappeler qu’Emmanuel Macron a fracturé le paysage politique autant qu’il l’a redessiné, et que ses décisions restent controversées au sein même des cercles centristes et réformistes.