Ce mardi 13 mai 2025, Emmanuel Macron se livre à un exercice rare et risqué : deux heures d’interview en direct sur TF1, face à une France fragmentée, inquiète et en quête d’écoute. Dans un format inédit, journalistes, personnalités engagées, experts et citoyens se relaient pour interroger un président sous pression.

Une mise en scène médiatique pour un président en quête de relais

Diffusée en prime time à 20h10 sur TF1, l’émission spéciale « Emmanuel Macron – Les défis de la France » adopte un format aussi inédit qu’ambitieux : deux heures de dialogue, ponctuées d’interventions croisées, entre le chef de l’État et des figures de la société française. Gilles Bouleau, visage du 20H, mène l’échange avec sobriété, épaulé par un dispositif technologique spectaculaire : un plateau interactif de 100 m² d’écrans permettant une immersion visuelle et une interconnexion en direct avec les intervenants. L’objectif est clair : recréer un lien direct entre le président et les Français.

Salomé Saqué : l’écho d’une jeunesse consciente et exigeante

À seulement 30 ans, Salomé Saqué s’impose comme la voix d’une génération qui ne veut plus rester silencieuse. Essayiste, militante, journaliste, elle interpellera Emmanuel Macron sur les enjeux climatiques, les inégalités sociales et la précarité grandissante des jeunes. Connue pour ses engagements forts et son ton sans détour, elle représente l’éveil politique d’une jeunesse à la fois lucide et engagée. Passée par Le Monde diplomatique, France 24 ou Blast, où elle dirige la rubrique économique, elle incarne un journalisme d’impact, incisif et indépendant.

Elle est aussi l’autrice de Sois jeune et tais-toi (2023) et Résister (2024), deux essais engagés qui dénoncent l’inaction politique face aux crises sociales et écologiques. Ce soir, face au président, elle portera les colères calmes d’une jeunesse trop souvent tenue à distance du pouvoir.

Quand la culture web et le sport rencontrent la politique

La présence de Tibo Inshape, star incontestée de YouTube avec plus de 26 millions d’abonnés, illustre une volonté de parler aux jeunes là où ils se trouvent. Patriote assumé, fervent promoteur du sport et de la discipline, il questionnera Emmanuel Macron sur la place du sport à l’école, en lien avec les enjeux de santé publique et d’éducation. Son ton populaire tranche avec les codes classiques du débat politique, mais c’est précisément ce que cherche l’Élysée : toucher un autre public, moins politisé mais influent.

Autre moment fort : l’intervention de Charles Biétry, ex-journaliste sportif, aujourd’hui atteint de la maladie de Charcot. Ne pouvant plus parler, sa voix sera restituée par intelligence artificielle, pour poser une question intime et universelle : celle du droit à mourir dignement. Son message portera haut l’urgence d’une loi sur l’aide à mourir, sujet déjà évoqué mais toujours repoussé.

Un débat social à haute intensité

L’émission se veut aussi un reflet des tensions sociales du pays. Sophie Binet, première femme à la tête de la CGT, abordera la question toujours inflammable des retraites, deux ans après une réforme qui a laissé des traces. Elle représentera le front syndical et la voix des mobilisations ouvrières, dans un contexte où la colère sociale n’est jamais loin.

En face, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation iFRAP, viendra défendre une vision austère et rigoureuse de la gestion publique, appelant à un resserrement budgétaire face à une dette croissante. Enfin, Robert Ménard, maire de Béziers, apportera une voix sécuritaire et conservatrice, soulevant les inquiétudes croissantes autour de l’ordre public. Sans étiquette partisane, mais avec une rhétorique assumée, il viendra questionner le président sur le rôle de l’État dans la protection du quotidien.

Un référendum en ligne de mire ?

Selon plusieurs sources proches de l’Élysée, Emmanuel Macron pourrait annoncer son intention d’organiser un ou plusieurs référendums dès septembre 2025. Les thématiques évoquées incluent la fin de vie, la régulation du temps d’écran chez les jeunes, ou encore la réforme territoriale. Une tentative de relancer une forme de démocratie directe, dans un moment où le président gouverne sans majorité absolue, et dans un climat de méfiance institutionnelle croissante.

Un moment décisif pour la seconde moitié du quinquennat

Cette émission s’inscrit dans une stratégie plus large : reconstruire un lien abîmé avec les Français, alors que la défiance vis-à-vis de l’exécutif atteint des sommets. Pour Emmanuel Macron, ce rendez-vous télévisé est un test de crédibilité, de pédagogie et d’écoute. Sa capacité à faire face à des interlocuteurs aussi différents que Salomé Saqué, Tibo Inshape ou Sophie Binet dira beaucoup de sa posture politique pour la suite.

Au-delà des mots, ce que retiendront les téléspectateurs, c’est la sincérité perçue, la clarté des réponses, et la volonté (ou non) de prendre acte des fractures du pays. Ce soir, plus que jamais, l’Élysée joue une partie sur le terrain de l’opinion.