Des agriculteurs en colère rassemblés devant la maison du couple Macron au Touquet
La colère du monde agricole est montée d’un cran ce vendredi matin. Dès l’aube, des agriculteurs ont choisi un lieu hautement symbolique pour se faire entendre : la résidence du couple présidentiel au Touquet.

Une mobilisation qui traduit un malaise profond, nourri par les incertitudes autour du Mercosur et la gestion de crises sanitaires. Dès 5h30 ce vendredi 19 décembre, des agriculteurs affiliés à la FNSEA se sont rassemblés devant la maison du couple Macron au Touquet, dans le Pas-de-Calais. Le choix de ce lieu n’a rien d’anodin, les manifestants souhaitant interpeller directement le chef de l’État en pleine période de tensions entre l’exécutif et le monde agricole. La mobilisation s’inscrit dans un climat de grogne généralisée qui s’étend depuis plusieurs semaines.
La colère a été ravivée par l’annonce, jeudi soir, du report à janvier de la signature de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, décidée par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Pour la FNSEA, cette décision ne répond pas aux inquiétudes de fond. Le syndicat estime que ce simple report ne constitue pas une garantie suffisante pour la protection des filières agricoles françaises et appelle ses adhérents à maintenir la pression.
Une contestation qui s’étend sur tout le territoire

Depuis plusieurs jours, la mobilisation agricole s’est intensifiée dans de nombreuses régions. Des centaines d’éleveurs et de producteurs multiplient les actions, notamment dans le sud-ouest de la France. Barrages filtrants, manifestations locales, opérations coups de poing : certains sont même allés jusqu’à Bruxelles pour porter leurs revendications au cœur des institutions européennes, illustrant l’ampleur du mécontentement.
Les revendications ne se limitent pas au Mercosur. Les agriculteurs dénoncent également la gestion française de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse, qui touche durement certains élevages. À cela s’ajoute la crainte d’une concurrence jugée déloyale, en cas d’ouverture accrue du marché européen à des produits agricoles sud-américains ne respectant pas toujours les mêmes normes sanitaires et environnementales.
L’exécutif tente de rassurer

Face à cette mobilisation ciblant directement le président, l’entourage d’Emmanuel Macron a tenu à réagir. Le chef de l’État “se bat pour l’agriculture et les agriculteurs français”, a assuré ce vendredi matin une source proche de l’Élysée. Une déclaration destinée à apaiser les tensions, mais qui peine à convaincre sur le terrain.
Sur place, Daniel Fasquelle, maire Les Républicains du Touquet, s’est rendu auprès des manifestants. L’édile a expliqué que les agriculteurs ne se sentent pas suffisamment protégés face aux conséquences potentielles de l’accord Mercosur. Selon lui, l’inquiétude est profonde et largement partagée, y compris parmi des élus locaux pourtant éloignés des zones agricoles traditionnelles.
Au cœur des échanges, une critique revient avec insistance : l’attitude d’Emmanuel Macron sur le dossier du Mercosur. Les manifestants reprochent au président d’avoir “beaucoup tergiversé”, rendant sa position difficilement lisible. Daniel Fasquelle comme les agriculteurs présents admettent avoir du mal à accorder leur confiance à l’exécutif sur ce sujet, symbole d’un fossé grandissant entre le pouvoir et le monde rural.






