Depuis plus de trente ans, Élie Semoun reste une figure incontournable de l’humour français. Entre tendresse et impertinence, il a su traverser les époques, les modes et les polémiques. Mais dernièrement, c’est son regard lucide sur le métier et sa prise de distance avec Blanche Gardin qui ont retenu l’attention.

De ses débuts explosifs en duo avec Dieudonné à sa brillante carrière solo, Élie Semoun a toujours su faire rire sans jamais se renier. Ses sketchs cultes, souvent inspirés de la société et de ses travers, ont marqué toute une génération. Il s’est également imposé au cinéma, notamment avec Les Petites Annonces d’Élie ou Cyprien, sans oublier son rôle d’instituteur grincheux dans la saga Ducobu. Véritable touche-à-tout, l’humoriste est aussi connu pour son franc-parler et sa capacité à aborder les sujets sensibles sans détour.

Blanche Gardin, entre humour noir et tempête médiatique

Blanche Gardin, humoriste à l’ironie acérée, est réputée pour son ton provocateur et son refus du politiquement correct. Pourtant, ses prises de position publiques lui ont valu plusieurs controverses. En 2023, elle avait refusé de participer à l’émission LOL qui rit, sort !, évoquant des raisons morales. Mais c’est sa déclaration lors d’une soirée de soutien à Gaza, en juillet 2024, qui a suscité une vague d’indignation : « Bonsoir, je m’appelle Blanche et depuis le 7 octobre, je suis antisémite. » Une phrase choc, interprétée comme une provocation de trop, qui a divisé le monde artistique et choqué de nombreux observateurs.

Élie Semoun prend ses distances

Interrogé en novembre 2024 par Le Journal du Dimanche, Élie Semoun n’a pas mâché ses mots au sujet de cette polémique. « Ces gens-là pensent faire de l’humour, mais en réalité, ils font de la politique », a-t-il confié, visiblement amer. L’humoriste a aussi reconnu avoir pris ses distances avec son ancienne amie : « J’ai du respect pour Blanche, mais elle a pris un chemin qui ne me plaît pas. » Pour lui, l’art comique doit rester libre de toute récupération idéologique : « Être artiste est le plus beau métier du monde, et vouloir y introduire des idées politiques douteuses, c’est gâcher son art. »

Un artiste inquiet pour son époque

Plus qu’une simple divergence d’opinion, les propos d’Élie Semoun traduisent une inquiétude profonde face à la radicalisation du débat public. « Parfois, je m’inquiète pour l’avenir de la France, car je trouve le monde bien cruel », a-t-il ajouté. L’humoriste, connu pour sa sensibilité, déplore un climat où l’humour sert trop souvent de prétexte à des prises de position extrêmes, éloignant les artistes de leur rôle premier : celui de faire rire, réfléchir et rassembler.

Une passion intacte malgré les années

Malgré ces tensions et les années qui passent, Élie Semoun garde le goût de la scène. « Avant, quand je montais sur scène, j’avais beaucoup plus d’insouciance », confie-t-il. Aujourd’hui, son approche a changé : le trac s’est mêlé à la maturité, et son humour s’est teinté d’une forme de gravité. « Peut-être que c’est lié à mon âge, parce que je sais ce qui m’attend », admet-il. Mais l’essentiel demeure : « J’ai toujours du plaisir sur scène, même si je me pose plus de questions qu’avant. »