Le monde catholique se réveille dans une profonde tristesse en ce lundi de Pâques : le pape François, figure emblématique d’une Église en transition, s’est éteint à Rome à l’âge de 88 ans.

De l’Argentine aux plus hautes sphères du Vatican, son parcours aura marqué une époque empreinte d’ouverture, de simplicité et d’engagement humain.

Depuis plusieurs mois, l’état de santé du pape François était au centre des préoccupations au sein du Vatican et au-delà. Déjà affaibli par une bronchite ayant nécessité une hospitalisation le 14 février, il avait renoncé à plusieurs apparitions publiques, invoquant de sérieuses difficultés respiratoires. Lors de sa dernière audience générale, il avait même dû confier la lecture de sa catéchèse à un proche, un fait rare qui laissait entrevoir la gravité de son état. Ce lundi 21 avril, à 7h35 du matin, le Saint-Siège a confirmé son décès dans un communiqué solennel, mettant un terme à douze années d’un pontificat atypique.

Un parcours hors norme, des choix audacieux

Né Jorge Mario Bergoglio le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, il embrasse la prêtrise en 1969 après avoir rejoint les jésuites, un ordre religieux réputé pour sa rigueur intellectuelle. Très vite, il gravit les échelons ecclésiastiques jusqu’à devenir cardinal en 2001, avant d’accéder au trône de Saint-Pierre en 2013, succédant à Benoît XVI dans un climat d’urgence spirituelle et morale. Premier pape issu du continent américain, il marquera l’histoire par un style pastoral fondé sur la proximité, la simplicité et une attention constante aux plus démunis.

Une vision moderne pour une Église millénaire

Le pontificat de François restera celui des gestes forts et des prises de position courageuses. Très tôt, il a placé les défis sociaux au cœur de son action : accueil des migrants, justice climatique, défense des pauvres. Mais c’est aussi sur le terrain des réformes internes qu’il s’est illustré, n’hésitant pas à bousculer certaines traditions. En 2021, il initia un large synode autour du rôle des femmes dans l’Église. Deux ans plus tard, il autorisa la bénédiction de couples homosexuels, une décision saluée comme une avancée majeure, bien que controversée.

Le dernier adieu : entre solennité et recueillement

Conformément au protocole millénaire de l’Église catholique, la mort d’un pape déclenche la « Novendiale », une période de neuf jours de deuil et de prières. Le camerlingue du Vatican est chargé d’authentifier officiellement le décès dans la chapelle privée du souverain pontife. Ensuite, le corps du pape est exposé dans la basilique Saint-Pierre, où des milliers de fidèles se rendront pour lui rendre un ultime hommage. C’est durant cette période de recueillement que l’Église se prépare à tourner une page, tout en respectant la mémoire d’un homme qui a incarné une foi vivante et accessible.

Une transition bien encadrée : la « sede vacante »

Dès l’annonce du décès, le Vatican entre en « sede vacante », c’est-à-dire en période de siège vacant. Durant cette phase, le pouvoir spirituel et administratif de l’Église est provisoirement confié au Collège des cardinaux, sous la direction du camerlingue. À ce jour, c’est le cardinal irlandais Kevin Farrell qui assurera cette responsabilité de transition, en attendant l’organisation des obsèques officielles, généralement fixées entre le quatrième et le sixième jour après le décès du pape.

L’ombre du conclave : une attente pleine de solennité

Le monde catholique attend désormais la convocation du conclave, point culminant de cette période de transition. Deux à trois semaines après les funérailles, les cardinaux du monde entier se réuniront à huis clos dans la chapelle Sixtine, en vue de désigner le prochain souverain pontife. Ce rituel immuable, empreint de mystère et de prière, s’accompagne de multiples délibérations où spiritualité et stratégie s’entremêlent. Jusqu’à l’apparition de la fumée blanche, symbole d’un choix unanime, le Vatican retient son souffle.

L’héritage d’un pontificat tourné vers l’humain

En douze années de pontificat, le pape François a profondément transformé la perception de l’Église dans le monde. Son style direct, son refus des apparats, mais surtout son souci constant des oubliés et des blessés de la vie ont marqué les esprits, bien au-delà du cercle des croyants. Alors que l’Église s’apprête à élire un nouveau guide, nombreux sont ceux qui espèrent que son héritage — celui d’un pasteur des temps modernes — ne sera pas abandonné, mais prolongé dans une continuité inspirée.