Contacté par le gouvernement, Florent Pagny balance : « J’étais l’homme à abattre »
Florent Pagny n’est pas seulement une voix puissante de la chanson française : il est aussi un symbole d’indépendance.
En affrontant l’État avec ses mots, il a transformé une guerre fiscale en hymne à la liberté. Retour sur une bataille personnelle devenue l’un des plus grands moments de sa carrière.
Florent Pagny aurait pu briller sur grand écran, lui qui débute dans le cinéma aux côtés de figures comme Gérard Depardieu. Mais c’est finalement la musique qui capte son cœur et révèle son talent. En 1987, il explose avec N’importe quoi, un premier succès qui marque les débuts d’une carrière prolifique. Sa voix rocailleuse et ses textes engagés séduisent un public large, qui le suit depuis plus de trois décennies.
Une carrière jalonnée de tubes cultes
Depuis ses débuts, le chanteur enchaîne les hits devenus intemporels : Savoir aimer, Et un jour une femme, Chanter, J’y vais, Bienvenue chez moi… Mais un titre en particulier fait figure d’exception : Ma liberté de penser. Sortie en 2003, cette chanson n’est pas seulement un tube, elle est un manifeste personnel, né d’une douloureuse affaire judiciaire.
Quand les problèmes fiscaux inspirent l’art
Accusé de fraude fiscale au début des années 2000, Florent Pagny est condamné à verser près de deux millions d’euros au Trésor public. Une décision qu’il conteste farouchement. S’ensuivent des années de procédures et d’acharnement administratif. Face à cette pression, l’artiste choisit la voie de la musique pour se défendre. Avec l’aide de son ami Pascal Obispo, il enregistre Ma liberté de penser, une réponse cinglante aux autorités.
Des paroles tranchantes, un message clair
Le texte est sans ambiguïté. Florent Pagny s’y livre avec une franchise rare, dénonçant ce qu’il considère comme une chasse à l’homme. « J’peux vider mes poches sur la table… mais vous n’aurez pas, ma liberté de penser. » Cette réplique, devenue culte, résonne comme un défi lancé à l’État, mais aussi comme une déclaration d’autonomie artistique. Dans Florent raconte Pagny, un documentaire diffusé en 2024 sur France 3, il revient sur cette période explosive.
Dans ce documentaire, Pagny ne mâche pas ses mots. Il qualifie ses démêlés fiscaux de « guéguerre » qui a duré quatre longues années. « Les impôts ont toujours cru à une embrouille », se souvient-il. Pendant cette période tendue, Pascal Obispo l’aide en rachetant ses meubles saisis, un geste d’amitié fort. Puis vient l’idée du morceau qui deviendra l’un des plus provocateurs de la chanson française.
Une chanson qui fait trembler les institutions
La sortie de Ma liberté de penser ne passe pas inaperçue. Le gouvernement s’agace, et Florent Pagny devient l’homme à abattre, selon ses propres termes. « Je reçois un appel du ministère : ‘Monsieur Pagny, c’est pas bien là. Retirez ça tout de suite’ », raconte-t-il. Mais l’artiste tient bon, convaincu que le public tranchera mieux que n’importe quelle autorité. Et il a vu juste.
Ma liberté de penser reste six semaines consécutives en tête des ventes, décroche une certification platine, et entre dans l’histoire comme l’un des plus grands succès de Florent Pagny. Au-delà des chiffres, c’est un acte de résistance que le public salue. Le chanteur a su transformer une épreuve personnelle en une victoire artistique, prouvant que la musique peut aussi être une arme de contestation.