Comment empêcher Instagram et Facebook (Meta) d’utiliser vos données pour entraîner son IA
En avril 2025, Meta bouleverse une nouvelle fois la gestion de nos données personnelles.
En activant par défaut l’utilisation du contenu public des utilisateurs européens pour entraîner son intelligence artificielle, le géant américain place chacun face à un choix crucial : accepter sans broncher ou refuser activement cette collecte algorithmique.
Une nouvelle politique par défaut qui suscite la controverse
C’est sans véritable préavis, et dans un contexte déjà tendu autour de la gestion des données personnelles, que Meta a annoncé l’intégration automatique des publications publiques de ses utilisateurs européens — commentaires, photos, likes — dans le processus d’entraînement de son intelligence artificielle maison, Meta AI. Si les messages privés sont exclus du périmètre, le reste du contenu visible publiquement est désormais concerné par cette exploitation algorithmique, activée par défaut.
Cette démarche, permise par le RGPD sous condition d’information préalable, pousse Meta à envoyer un email officiel à chacun de ses membres. Ce message contient un lien vers un formulaire d’opposition, une procédure indispensable pour reprendre la main sur ses données numériques.
RGPD : un rempart encore efficace
Heureusement pour les internautes, le Règlement général sur la protection des données (RGPD) impose à Meta certaines contraintes. Parmi elles : le droit d’opposition explicite, qui autorise tout citoyen européen à refuser l’utilisation de ses contenus personnels dans ce contexte.
Meta s’est vu contraint de mettre en place un formulaire dédié, accessible à tous, même en l’absence de réception du mail officiel. Une faille contournée, mais qui requiert une démarche proactive de la part de l’usager. Car en l’absence d’action, c’est bien l’acceptation qui sera appliquée par défaut.
Une procédure manuelle pour protéger sa vie numérique
Pour ceux qui n’ont pas encore reçu la notification ou qui souhaitent agir immédiatement, la méthode est simple mais nécessite plusieurs étapes précises. Voici comment procéder depuis l’application Instagram, avec une méthode équivalente sur Facebook :
- Rendez-vous sur votre profil personnel en appuyant sur votre photo.
- Cliquez sur les trois barres horizontales en haut à droite (ou la roue crantée sur ordinateur) pour ouvrir le menu.
- Faites défiler jusqu’à « Centre de confidentialité », dans la section « Plus d’infos et d’assistance ».
- Dans la page explicative, cliquez sur le lien « Opposer » mis en évidence dans le texte.
- Une fois sur la page d’opposition, cliquez sur le bouton « Envoyer » situé en bas. Il est possible d’ajouter un message expliquant votre refus, bien que ce ne soit pas obligatoire.
Une pression sur les utilisateurs, entre consentement et résignation
Ce changement s’inscrit dans une stratégie plus large de Meta visant à renforcer la compétitivité de ses IA face à Google, Microsoft ou OpenAI. En élargissant ses sources d’entraînement aux contenus des utilisateurs, l’entreprise capitalise sur une mine d’or d’informations visuelles et textuelles.
Mais cette démarche soulève aussi des critiques : est-il légitime de présumer du consentement des utilisateurs sans leur demander activement leur avis ? Beaucoup dénoncent une manœuvre déguisée, qui exige des citoyens qu’ils fassent eux-mêmes l’effort de s’opposer, sous peine de se voir inclus par défaut dans une mécanique industrielle d’apprentissage artificiel.
Ce cas pourrait bien devenir une jurisprudence majeure dans la protection des données en Europe. À travers cette décision, Meta pousse les autorités à réfléchir à de nouvelles formes de régulation, plus strictes et plus transparentes. De nombreux experts appellent déjà à une simplification du droit d’opposition, voire à une inversion du paradigme : imposer le consentement explicite par défaut.