Deux ans après son ouverture, la maison de Serge Gainsbourg, transformée en musée par Charlotte Gainsbourg, attire un public nombreux. Mais derrière ce succès populaire, une bataille judiciaire fragilise son avenir.

L’actrice se retrouve confrontée à son propre associé, dans un conflit où se mêlent dettes, propositions de reprise et stratégies rivales. Inauguré en septembre 2023, le musée consacré à Serge Gainsbourg est rapidement devenu un lieu culturel incontournable. Pourtant, l’entreprise qui en assure la gestion a été placée en redressement judiciaire, en raison de lourdes dettes. En cause : Dominique Dutreix, promoteur immobilier et associé à parts égales de Charlotte Gainsbourg, aurait prélevé un million d’euros sur le compte courant de la société. Condamné à rembourser cette somme, il demeure néanmoins au cœur de la gouvernance, rendant l’avenir incertain.

Le plan de sauvetage porté par Charlotte Gainsbourg

Pour tenter de sauver le projet, Charlotte Gainsbourg mise sur l’appui de Philippe Dabi, fondateur de Bioclinic et membre des 500 plus grandes fortunes de France. Ensemble, ils ont présenté deux scénarios au tribunal. Le premier prévoit une cession-acquisition : liquider la société actuelle pour en recréer une nouvelle, renforcée par un apport de 850 000 euros et des garanties financières. Le second scénario, plus modéré, consiste à maintenir la structure existante mais sans Dominique Dutreix, que l’actrice souhaite voir écarté. Selon Le Parisien, Charlotte avait déjà proposé une sortie partielle à son associé, sans succès.

Une contre-attaque judiciaire de l’associé

Face aux propositions de Charlotte Gainsbourg, Dominique Dutreix a contre-attaqué. Il a présenté un plan dans lequel l’actrice serait écartée de la société, ce qui lui retirerait toute influence sur le devenir du musée de son père. Une option jugée « complètement folle » par une source judiciaire, tant la notoriété et l’image de Charlotte sont indissociables de ce projet. Le bras de fer entre les deux parties a été présenté au tribunal ce mercredi 24 septembre, mais la décision pourrait être reportée, les créanciers n’ayant pas été informés dans les délais.

Une rupture définitive entre associés

Quoi qu’il advienne, la mésentente est désormais irréversible. La confiance entre Charlotte Gainsbourg et Dominique Dutreix est rompue, et il semble acquis qu’ils ne poursuivront pas leur collaboration. Le tribunal devra donc trancher entre deux visions opposées, avec pour enjeu la préservation d’un lieu chargé d’histoire et devenu emblématique.

Un symbole culturel en suspens

La maison de Serge Gainsbourg, plus qu’un musée, est un symbole patrimonial et affectif. Pour beaucoup, il est essentiel que Charlotte Gainsbourg garde un rôle central dans sa gestion, tant son investissement personnel a été déterminant. L’affaire illustre la fragilité des projets culturels privés, soumis à la fois à la passion des héritiers et aux réalités économiques et judiciaires. Le verdict attendu sera décisif pour l’avenir d’un lieu qui attire déjà des milliers de visiteurs, mais dont la pérennité demeure suspendue aux décisions de justice.