Cette enseigne de bricolage bien connue des Français ferme ses portes en France : 150 magasins fermés et 300 salariés en suspens
Malgré un chiffre d’affaires florissant en 2023, l’enseigne Mister Menuiserie vient d’être emportée par une crise interne majeure.
La liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce de Rouen laisse derrière elle 150 magasins fermés, plus de 300 salariés sans emploi, et des centaines de clients lésés qui se tournent désormais vers la justice. Créée en 2015, Mister Menuiserie s’était imposée en moins d’une décennie comme un acteur dynamique du secteur du bricolage en France. Avec une offre axée sur les menuiseries prêtes à poser, la marque avait conquis une clientèle fidèle. En 2023, l’enseigne affichait 72 millions d’euros de chiffre d’affaires et employait plus de 300 personnes, un bilan prometteur qui ne laissait rien présager d’un effondrement aussi brutal.
Pourtant, l’année 2024 a été fatale. Une crise de gestion, notamment logistique et commerciale, a profondément ébranlé la structure de l’entreprise. En novembre, la société a été placée en redressement judiciaire. Faute de solutions de redressement viables, le tribunal de commerce de Rouen a tranché : liquidation pure et simple. Les rideaux de l’ensemble des points de vente sont désormais tirés.
Des clients laissés sans réponses ni produits
Cette faillite a des conséquences directes sur des centaines de clients qui attendent encore leurs commandes, parfois réglées depuis plusieurs mois. Beaucoup dénoncent une absence totale de communication de la part de l’enseigne, et un système de service après-vente devenu injoignable bien avant l’annonce de la liquidation. Résultat : les réclamations affluent sur les réseaux sociaux, et certains consommateurs n’ont d’autre choix que de se tourner vers la justice.
Une action collective en marche
Face à cette situation, plus de 240 clients se sont déjà réunis pour engager une action collective en justice, avec l’aide d’associations de défense des consommateurs. Leur objectif : récupérer les sommes engagées ou, à défaut, obtenir réparation du préjudice moral et financier. Pour ces clients, l’incompréhension est d’autant plus grande que l’enseigne continuait de prendre des commandes en ligne peu avant sa mise en redressement.
Les premières démarches juridiques ont été lancées, et les plaignants espèrent faire entendre leur voix malgré la complexité de procédures dans un contexte de liquidation judiciaire. Le recours à un mandataire judiciaire pourrait également permettre d’établir une liste des créanciers et de prioriser certains remboursements, bien que la probabilité de recouvrer intégralement les fonds reste mince.
300 salariés dans l’incertitude
Au-delà des enjeux commerciaux, la fermeture des 150 magasins de Mister Menuiserie laisse sur le carreau plus de 300 salariés, dont certains étaient présents depuis les débuts de l’enseigne. Pour eux, c’est un double choc : la perte d’un emploi et l’effondrement d’une entreprise dans laquelle ils croyaient encore récemment. Dans un secteur du bricolage également fragilisé par les difficultés d’autres enseignes, les perspectives de reclassement sont maigres.
Les dispositifs de reconversion, notamment via la formation professionnelle, pourraient apporter une réponse partielle à cette crise sociale. Toutefois, le marché reste tendu, et les régions les plus touchées, comme la Normandie ou l’Île-de-France, peinent déjà à absorber les chômeurs issus de plans sociaux similaires.
Une illustration des fragilités du secteur
La chute de Mister Menuiserie s’inscrit dans une série de difficultés rencontrées par les acteurs du commerce spécialisé, souvent fragilisés par des coûts logistiques en hausse, une digitalisation incomplète ou une gestion chaotique de la relation client. L’enseigne, malgré ses bons chiffres de vente, n’a pas su anticiper les risques structurels ni corriger ses défaillances internes à temps.
Le cas de Mister Menuiserie sonne donc comme un avertissement pour d’autres enseignes fragiles, alors que les comportements d’achat évoluent rapidement et que la confiance des consommateurs reste volatile.