Le rideau n’est pas encore tombé sur l’affaire Jubillar. Condamné à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son épouse Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, Cédric Jubillar a choisi de faire appel.

Quatre ans après le drame, l’un des procès les plus médiatisés de la décennie s’apprête donc à connaître un nouvel acte, entre ténacité judiciaire et espoir d’un verdict différent. Vendredi 17 octobre 2025, après quatre semaines de débats à Albi, le jury de la cour d’assises du Tarn a reconnu Cédric Jubillar coupable du meurtre de sa femme, infirmière de 33 ans, disparue mystérieusement sans qu’aucun corps n’ait jamais été retrouvé. Le plaquiste de 38 ans, resté impassible au moment du verdict, a été condamné à trente ans de réclusion criminelle pour meurtre sur conjoint. Depuis, il a regagné sa cellule à la prison de Seysses, au sud-ouest de Toulouse, où il était déjà détenu depuis juin 2021.

Ce verdict, fruit d’un faisceau d’indices plutôt que de preuves matérielles, a divisé les observateurs. Aucun aveu, aucun corps, mais un enchaînement de présomptions accablantes : le comportement jugé incohérent de l’accusé, les tensions conjugales, et surtout, les résultats du chien pisteur de la gendarmerie. Pour les jurés, ces éléments suffisaient à bâtir la conviction qu’il avait tué son épouse cette nuit-là.

Un appel déjà engagé

Sitôt la sentence prononcée, les avocats de Cédric Jubillar ont annoncé leur décision de faire appel. Ce nouveau procès, attendu dans un délai d’un à deux ans, pourrait se tenir dès 2026, voire plus tôt selon les disponibilités des cours d’assises régionales. Contrairement à d’autres affaires, ce nouveau jugement sera intégralement rejoué : même accusation, mêmes enjeux, mais un nouveau jury et, surtout, un regard neuf sur un dossier déjà scruté dans ses moindres détails.

“Nous repartons de zéro”, explique l’un des avocats de la défense. Les témoins, en revanche, devraient être moins nombreux que lors du premier procès. La cour d’appel comptera douze jurés, contre neuf lors de la première audience — une mesure prévue pour renforcer la collégialité et éviter tout soupçon d’influence médiatique.

Foix, la piste la plus probable pour le procès en appel

Trois villes sont en lice pour accueillir le second procès : Foix, Toulouse ou Montauban. Mais selon les premières informations, la préfecture de l’Ariège tiendrait la corde. Son tribunal, plus calme médiatiquement, dispose de deux grandes salles capables de contenir la foule d’avocats, journalistes et curieux qui suivront inévitablement l’affaire.

Le choix de Foix, plus excentré, viserait à désamorcer la pression médiatique et à offrir aux jurés un environnement plus neutre que celui d’Albi. Toulouse reste une option crédible, la cour d’assises étant habituée aux affaires de grande ampleur, mais la charge symbolique d’un nouveau procès dans la même région pourrait peser lourdement.

Trois scénarios possibles pour le verdict final

À l’issue de ce second procès, trois issues se présentent à Cédric Jubillar :

• Une confirmation de la peine initiale de trente ans de réclusion, si les jurés estiment que les éléments du dossier restent inchangés.

• Une peine réduite, si la défense parvient à semer davantage de doute.

• Une aggravation de la condamnation, si la cour d’appel juge les faits encore plus graves ou estime que l’attitude de l’accusé mérite une sanction exemplaire.

“Dans l’absolu, la décision pourrait être différente”, admet Me Philippe Pressecq, avocat de la cousine de Delphine Jubillar. “Mais dans cette affaire, je ne vois pas ce qui pourrait faire changer la donne. Il reste ce constat : à 22h30, il y a un couple et deux enfants dans la maison ; à 4h du matin, Delphine a disparu. Le chien policier, lui, n’a jamais trouvé la moindre trace d’une sortie. Si l’on écarte les extraterrestres et les revenants, la conclusion reste la même : c’est Cédric Jubillar qui a tué son épouse.”