Une vague de contestation inédite pourrait secouer la rentrée. En réponse aux annonces d’austérité du gouvernement Bayrou, un collectif citoyen, sans étiquette politique, appelle à un blocage national à partir du 10 septembre. Une initiative née sur les réseaux sociaux, qui commence à inquiéter les autorités.

Depuis la présentation, le 15 juillet dernier, de la feuille de route du gouvernement pour le budget 2026, la tension sociale ne cesse de monter. François Bayrou, Premier ministre, a annoncé une réduction drastique de plus de 43 milliards d’euros dans les dépenses publiques, afin de ramener le déficit à 4,6 % l’an prochain. Une politique d’austérité qui a immédiatement suscité la colère des syndicats et des partis d’opposition, certains parlant d’un « étranglement social organisé ».

Mais ce n’est pas seulement dans les cercles institutionnels que la colère gronde. Un nouvel acteur vient d’émerger en ligne, sans sigle ni affiliation, bien décidé à faire entendre sa voix autrement que dans les cortèges syndicaux.

Un collectif hors cadre, mais bien décidé à marquer le coup

Le 19 juillet, un groupe d’une vingtaine de personnes a mis en ligne un site baptisé mobilisation10septembre.blog, accompagné d’un compte X (anciennement Twitter) @bloquons_tout, suivi déjà par plusieurs centaines de personnes. Leur objectif : organiser un « arrêt total et illimité du pays » à partir du 10 septembre prochain. Ce choix de date n’est pas anodin. « C’est la rentrée sociale, le moment où tout redémarre », explique un membre du collectif, joint par Le Parisien.

L’appel se veut radical : au-delà d’une simple manifestation, il s’agit d’un blocage général, qui viserait à paralyser le pays pour faire pression sur l’exécutif. L’un des membres, qui a requis l’anonymat, affirme : « Le but, ce n’est pas de faire une manif de plus. C’est un vrai blocage, un signal d’alarme. »

Une dynamique sociale amplifiée sur les réseaux

Ce mouvement sans structure officielle, sans porte-parole désigné, ni revendication centralisée, revendique son horizontalité et son apolitisme. « Aucun parti, aucune organisation, aucune couleur », insiste l’un de ses initiateurs. Pourtant, l’appel a été repris massivement sur des comptes liés à l’extrême droite, tandis que la gauche radicale l’a relayé plus discrètement, selon les observations de L’Humanité et Le Parisien.

La viralité numérique joue ici un rôle central, avec des messages diffusés via des groupes Telegram, des forums alternatifs et des vidéos circulant sur TikTok et Instagram. Un mode d’action qui rappelle les débuts des Gilets jaunes, où l’expression de la colère échappait aux canaux traditionnels et institutionnels.

Une rentrée sociale sous haute tension

Face à cette montée en pression, les syndicats traditionnels comme la CGT, la FSU ou Solidaires préparent également des mobilisations pour septembre, dénonçant les effets destructeurs des coupes budgétaires sur les services publics, les aides sociales et les collectivités. Mais la convergence avec ce mouvement spontané reste incertaine, voire délicate.

L’exécutif, lui, reste silencieux face à cet appel. Aucune réaction officielle n’a encore été émise, mais la perspective d’un blocage national piloté en dehors de tout cadre légal pourrait raviver les craintes d’un automne social explosif.

Reste à savoir si ce collectif parviendra à fédérer au-delà du bruit numérique. En l’absence de figures publiques ou de relais médiatiques majeurs, la réussite du blocage dépendra de sa capacité à mobiliser concrètement sur le terrain, dans les villes, les transports, les écoles ou les entreprises.

Un signal d’alarme ou une étincelle ?

Le 10 septembre pourrait marquer un tournant dans le rapport de force entre les citoyens et le gouvernement Bayrou. Si le blocage prend, il pourrait relancer un cycle de contestation comme celui des Gilets jaunes en 2018. Dans le cas contraire, il illustrerait une fois de plus la difficulté à convertir l’indignation numérique en action réelle et durable.