À Saint-Tropez, le luxe ne se contente plus de s’afficher, il s’installe en maître. Le village emblématique de la Côte d’Azur voit ses commerces, ses villas et ses hôtels tomber peu à peu dans l’escarcelle des grands groupes, à commencer par LVMH. En toile de fond, un nom domine les lieux : Bernard Arnault.

Saint-Tropez, bientôt rebaptisée “LVMH-Ville” ?

Vérane Guérin, conseillère municipale de Saint-Tropez, ne mâchait pas ses mots dans The Guardian en 2023 : “Bientôt, ce ne sera plus Saint-Tropez mais LVMH-Ville.” Une déclaration choc, mais révélatrice d’une transformation profonde. Les enseignes indépendantes disparaissent, les hôtels familiaux changent de main, et la jet-set d’hier cède sa place à une aristocratie du luxe façonnée par les multinationales.

Au cœur de cette métamorphose, Bernard Arnault, patron du géant mondial du luxe, semble tirer les ficelles avec une précision d’horloger. Possédant lui-même une villa dans les hauteurs tropéziennes, il incarne cette fusion parfaite entre puissance économique et art de vivre à la française.

Un domaine d’exception au cœur des Parcs de Saint-Tropez

Cachée dans le prestigieux domaine privé du cap Saint-Pierre, la résidence de Bernard Arnault est un véritable joyau. À deux pas de celles de Vincent Bolloré, François Pinault ou encore Gérard Mulliez, elle trône discrètement sur plus de 110 hectares de végétation préservée.

La propriété offre bien plus qu’un simple confort de milliardaire. Piscine à débordement, terrain de tennis privé — passion du maître des lieux —, plage et crique isolées : chaque détail est pensé pour garantir une tranquillité absolue. À l’abri des regards, Bernard Arnault cultive ici un luxe feutré, loin des flashs mais fidèle à son image.

Gastronomie étoilée et architecture d’exception : LVMH investit les lieux

En 2016, le magnat a ajouté une autre perle à son collier tropézien en rachetant l’hôtel cinq étoiles La Résidence de la Pinède. Rebaptisé depuis sous la bannière Cheval Blanc, cet établissement d’exception abrite La Vague d’Or, restaurant trois étoiles Michelin, dirigé par le chef Arnaud Donckele.

La transformation, orchestrée par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, a sublimé les lieux. Le style méditerranéen y dialogue avec les œuvres de Roger Capron, et le spa Guerlain propose des expériences sensorielles au sommet de l’élégance. Un écrin taillé sur mesure pour une clientèle exigeante, à la recherche de discrétion autant que d’exclusivité.

De Saint-Tropez à Paris : un empire qui s’étend

Mais l’influence de Bernard Arnault ne s’arrête pas aux rivages tropéziens. Dans le 7ᵉ arrondissement de Paris, il vient tout juste d’acquérir son troisième hôtel particulier, propriété de Jérôme Seydoux, emblématique patron du groupe Pathé. Prix de la transaction : environ 100 millions d’euros.

Ce n’est plus une série d’achats, mais une stratégie d’ancrage territorial au sommet de l’élite française. Bernard Arnault ne bâtit pas seulement un empire du luxe. Il redessine les contours géographiques et symboliques du prestige, transformant des lieux emblématiques en vitrines de son savoir-faire.

Saint-Tropez en est le reflet : un village balnéaire devenu vitrine d’un art de vivre ultra-sélectif, où l’empreinte d’un nom seul suffit à façonner une atmosphère. À l’image de LVMH, Bernard Arnault ne s’installe pas, il imprime sa marque.