Au plus bas, Richard Virenque largué par sa femme : « Elle s’est barrée avec un autre »
Icône du cyclisme français dans les années 90 et 2000, Richard Virenque a fasciné le public par ses exploits en montagne et son charisme sur les routes du Tour de France.
Mais derrière la gloire sportive, le champion a connu une épreuve personnelle particulièrement cruelle, entre blessure physique et déchirure intime. Un épisode qu’il évoque avec une lucidité poignante. Richard Virenque a longtemps incarné le panache à la française sur les routes du cyclisme. Sept fois vainqueur du maillot à pois du meilleur grimpeur sur le Tour de France – un record inégalé – et lauréat de courses prestigieuses comme Paris-Tours, le Trophée des Grimpeurs ou encore le GP La Marseillaise, il a marqué toute une génération de passionnés.
Son style offensif, ses échappées folles en montagne, et sa ténacité hors norme ont fait de lui un favori du public, bien au-delà de ses performances brutes. Malgré les polémiques liées au dopage dans les années 2000, Virenque a su conserver une aura intacte, notamment grâce à sa sincérité et à sa volonté de ne jamais tricher sur son amour du vélo.
2006 : une chute qui change tout
C’est loin des projecteurs, en 2006, que sa vie bascule. Alors qu’il dispute une course amateur, Richard Virenque est victime d’une terrible chute sans casque, qui entraîne un grave traumatisme crânien. Son visage est littéralement fracassé par l’impact : 32 points de suture, un front ouvert, un œdème, et des mois de souffrance.
« Ils m’ont trépané, ils m’ont coupé la tête en deux », se souvient-il. Une phrase choc, prononcée sans détour dans une interview accordée à Pédale !, qui décrit sans fard l’ampleur des blessures. Sous morphine pendant six mois, il traverse une période sombre, entre douleurs physiques et isolement psychologique. « J’étais un zombie », confie-t-il, évoquant la réaction bouleversante de son fils, incapable de supporter sa vision.
Le soutien chirurgical, l’abandon conjugal
Heureusement, un chirurgien esthétique, le professeur Lebeau, parvient à « recabosser » le visage du champion. Ce mot, employé avec ironie, traduit bien l’humour défensif de Virenque, conscient du ridicule de certaines situations, mais aussi de la chance qui l’a sauvé. Sans cette opération, les séquelles auraient pu être irréversibles.
Mais tandis que son corps cicatrise lentement, son cœur encaisse une blessure plus profonde. Au plus bas, en pleine dépression post-traumatique, sa compagne de l’époque le quitte pour un autre homme. Un abandon vécu comme un coup de grâce : « Elle a eu la bonne idée de se barrer quand j’étais au fond de la cave », lâche-t-il avec amertume. « J’étais à ramasser à la petite cuillère. »
Une chute dans l’ombre, loin des projecteurs
Ce passage à vide n’a pas seulement été une épreuve physique, mais aussi une déconstruction intérieure. Privé de sa passion, amoindri, trahi, Richard Virenque traverse une forme d’effondrement personnel, celui que connaissent de nombreux anciens champions confrontés à la brutalité du retour à l’anonymat et à la fragilité humaine.
Mais cette chute n’a pas eu raison de lui. Peu à peu, Virenque remonte la pente. Il reconstruit sa vie, s’engage dans des projets autour du cyclisme, devient consultant à la télévision, et continue de s’exprimer avec une liberté rare, assumant ses blessures comme autant de preuves de son parcours de vie.
Une leçon de résilience
Aujourd’hui, à l’heure où de jeunes coureurs comme David Gaudu prennent la relève, Richard Virenque demeure une référence. Pas seulement pour ses performances passées, mais aussi pour sa capacité à parler sans masque, sans stratégie, avec cette franchise à fleur de peau qui lui est propre.
Son récit est celui d’un homme brisé puis relevé, cabossé mais toujours debout. Un rappel que derrière le maillot, la sueur et les trophées, il y a un être humain, vulnérable mais digne. Et c’est peut-être dans cette vérité-là que réside la plus grande victoire de Richard Virenque.