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Arrêts maladie : le gouvernement envisage de doubler le nombre de jours de carence, passant de 3 jours non indemnisés à 6

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Alors que le déficit de la Sécurité sociale continue de creuser les finances publiques, le gouvernement envisage de durcir les règles entourant les arrêts maladie. Une mesure à fort impact social, qui cristallise déjà les inquiétudes des salariés comme des employeurs.

Actuellement, en cas d’arrêt maladie, les salariés du secteur privé ne sont indemnisés par l’Assurance maladie qu’à partir du quatrième jour d’absence. Les trois premiers jours, dits « de carence », ne donnent lieu à aucune compensation, sauf prise en charge par l’employeur. Avec la réforme envisagée, ce délai pourrait être porté à sept jours, retardant ainsi l’indemnisation à la fin de la première semaine d’arrêt.

Cette évolution, bien qu’encore à l’étude, soulève une vive contestation sur le terrain, notamment dans des secteurs où les arrêts de travail sont fréquents, comme le bâtiment, l’industrie ou les services à la personne.

Un pouvoir d’achat en danger pour les salariés

Dans les Yvelines, au sein d’une entreprise spécialisée dans la formation à la sécurité sur les chantiers, l’annonce provoque incompréhension et frustration. Franck Vincent, formateur, dénonce une réforme déconnectée de la réalité : « Ça devient de plus en plus difficile, surtout avec le coût de la vie. Si en plus on nous pénalise quand on tombe malade, on perd encore du pouvoir d’achat… » Un sentiment largement partagé dans l’entreprise, où les trois jours actuels de carence sont déjà pris en charge par l’employeur.

Audrey Thetier, formatrice en secourisme, met en avant l’injustice d’un tel allongement : « Trois jours en plus, pour moi, c’est quasiment 300 euros de perdu. La santé, c’est ce qui nous permet de tenir debout. Si on commence à la négliger pour des raisons budgétaires, qu’est-ce qu’il nous reste ? » Elle exprime une inquiétude profonde : celle d’un recul insidieux des droits fondamentaux des travailleurs.

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Les employeurs redoutent un transfert de responsabilité

Du côté des dirigeants, l’élargissement de la carence pourrait transformer une économie nationale en fardeau patronal. Patrick Diamant-Berger, à la tête de la même entreprise, s’alarme : « Demander aux entreprises d’indemniser encore plus de jours d’arrêt, c’est dévoyer leur rôle. On nous demande de faire le travail de la Sécurité sociale ! » Un sentiment d’exaspération qui traduit le malaise grandissant d’un tissu économique déjà soumis à des contraintes multiples.

Car aujourd’hui, près de deux tiers des salariés du privé bénéficient d’accords d’entreprise compensant ces jours non indemnisés. Étendre cette responsabilité à tous les employeurs reviendrait à créer un déséquilibre entre grandes structures et petites sociétés, déjà fragiles.

Une mesure économiquement efficace, mais socialement explosive

La Cour des comptes, en 2024, avait déjà suggéré cette piste, estimant à plus de 900 millions d’euros les économies réalisables pour la Sécurité sociale. Sur le papier, la logique budgétaire est implacable. Mais pour les syndicats, c’est une bombe sociale.

Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, alerte sur l’injustice structurelle d’une telle mesure : « Les plus pénalisés seraient les salariés précaires, les intérimaires, les employés de TPE. Ceux qui ne bénéficient pas de protection complémentaire seront les premières victimes. »

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Un allongement de la carence pourrait aussi avoir des conséquences indirectes : retards dans la déclaration de maladie, salariés malades présents au travail, au détriment de leur propre santé… et de celle des autres.

Une équation délicate pour le gouvernement

Dans un contexte de rigueur budgétaire croissante, le gouvernement doit arbitrer entre impératif financier et justice sociale. Réduire le déficit de la Sécu sans creuser les inégalités est un exercice d’équilibriste. Les syndicats réclament plutôt des actions contre les abus de prescription ou le renforcement de la prévention au travail, plutôt qu’une sanction directe des malades.

Si la mesure venait à entrer en vigueur, elle marquerait un tournant dans la philosophie de la solidarité nationale, où la maladie ne serait plus seulement un risque couvert collectivement, mais un coût à assumer personnellement, au moins en partie.

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