Après les rafles dans les gares, Retailleau et Darmanin lancent la chasse aux étrangers en prison
Alors que la France s’apprête à vivre un nouveau tournant sécuritaire, le ministère de l’Intérieur a ordonné une vaste opération de contrôles ciblant les sans-papiers dans les transports. Cette démonstration de force suscite un vif émoi et alimente les accusations d’une dérive xénophobe assumée par le pouvoir.
Mercredi 18 et jeudi 19 juin, près de 4 000 policiers ont été mobilisés pour une opération d’ampleur nationale visant à traquer les personnes en situation irrégulière dans les transports publics. Bus, métros, trains, gares et points de passage frontaliers ont été investis par les forces de l’ordre, avec un objectif assumé par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau : multiplier les interpellations de sans-papiers.
Le dispositif se voulait spectaculaire, assumant une logique de chiffres. Le ministre s’est vanté, dans les médias, d’avoir déjà procédé à 47 000 interpellations depuis le début de l’année, dont 750 lors d’une précédente opération similaire les 20 et 21 mai. Une rhétorique comptable que dénoncent de nombreuses voix, accusant le gouvernement de mener une politique de harcèlement administratif et policier à l’encontre des étrangers.
Une stratégie dans la droite ligne d’une politique de durcissement
Cette opération ne surgit pas dans le vide. Elle s’inscrit dans une continuité politique assumée : celle d’un durcissement continu des conditions de vie des migrants, avec pour ligne directrice une dissuasion par la pression constante. Dès février, Retailleau avait signé une circulaire restreignant davantage les possibilités de régularisation exceptionnelle pour les travailleurs sans papiers.
Ce glissement sécuritaire coïncide avec un climat politique particulièrement tendu, où la surenchère xénophobe est omniprésente dans le débat public. Le ministre, comme d’autres figures de la majorité ou de l’extrême droite, s’inscrit dans cette course à la fermeté en matière d’immigration, à coups de propositions de lois toujours plus restrictives.
Des réactions indignées et des alertes sur les dérives
Le ton employé et les méthodes déployées font bondir les associations de défense des droits humains. Plusieurs dénoncent une véritable « chasse aux étrangers », avec un vocabulaire empruntant au registre de la traque et de la stigmatisation. Le terme même de « rafle », utilisé par certains collectifs, rappelle les heures les plus sombres de l’histoire française, et traduit la gravité ressentie face à une politique jugée brutale et inhumaine.
Des voix s’élèvent également au sein de la société civile et du monde syndical pour dénoncer ces pratiques : la criminalisation des personnes sans papiers, l’absence de respect des droits fondamentaux et l’escalade sécuritaire qui banalise la répression au quotidien.
Une prochaine loi immigration en ligne de mire ?
Derrière cette opération coup de poing se profile un enjeu plus large : la préparation d’une nouvelle réforme de l’immigration. Plusieurs observateurs s’attendent à un texte encore plus dur, qui pourrait entériner les orientations prises ces derniers mois. Une loi « cadeau » à l’extrême droite, redoutent certains, dans un contexte électoral sous tension et alors que le Rassemblement national capitalise largement sur la question migratoire.
Retailleau, Le Pen, Darmanin, Bardella… la ligne est claire : durcir, exclure, dissuader. L’opération des 18 et 19 juin n’aura été qu’un prélude à une stratégie de fond, où l’immigration devient non plus une question sociale ou humanitaire, mais un instrument politique et identitaire.
Une mobilisation urgente à construire
Face à cette offensive, des appels à la mobilisation émergent. Associations, syndicats, collectifs de sans-papiers ou militants antiracistes appellent à refuser cette logique de tri et de peur, à redonner voix et dignité à ceux qu’on tente de réduire à des statistiques.
La rue, les tribunaux, les médias, les lieux de travail et de vie deviennent des espaces essentiels de résistance. Car au-delà des lois et des opérations policières, c’est un choix de société qui se joue : celui de la solidarité contre la stigmatisation, de l’humanité contre la brutalité.