Anne Hidalgo veut «féminiser» la Tour Eiffel en y inscrivant des noms de femmes
Faut-il réécrire l’histoire gravée dans le fer ? C’est le pari symbolique d’Anne Hidalgo, bien décidée à inscrire les femmes de science sur les flancs de la tour Eiffel. Une démarche à forte portée mémorielle qui interroge autant qu’elle divise.
Depuis 1889, les 72 noms gravés sur le premier étage de la tour Eiffel célèbrent le génie scientifique de la Révolution industrielle. Tous ont été choisis par Gustave Eiffel lui-même, mais aucun ne rend hommage à une femme. Pour Anne Hidalgo, cette absence est devenue le symbole criant d’une injustice historique. C’est pourquoi, en mars dernier, la maire de Paris a confié à une commission d’experts une mission inédite : proposer une “féminisation” de ce pan d’histoire métallique.
Une commission plurielle autour du projet
Réunis ce dimanche 26 mai dans le salon Gustave Eiffel, scientifiques, élus, historiens et spécialistes du patrimoine ont entamé leurs travaux. Aux côtés d’Isabelle Vauglin, astrophysicienne et vice-présidente de l’association Femmes & Sciences, on retrouve Jean-François Martins, président de la Société d’exploitation de la tour Eiffel. Ensemble, ils coprésident cette initiative ambitieuse qui vise à réintégrer les femmes dans le récit du progrès. Un descendant de Gustave Eiffel était également présent, preuve de la dimension patrimoniale et affective de ce projet.
Une mission semée de questions
Les enjeux ne sont pas uniquement symboliques. L’équipe doit résoudre de nombreuses contraintes pratiques et historiques. Où graver les nouveaux noms ? Combien de figures féminines ajouter ? Selon les premières discussions, une quarantaine d’emplacements auraient été repérés au niveau du premier étage. Mais d’autres dilemmes surgissent : faut-il se limiter à la période 1789-1889 pour rester fidèle à l’esprit originel ? Peut-on inclure des femmes contemporaines ? Doivent-elles être exclusivement françaises, voire défuntes ?
Faut-il aussi repenser la parité ?
L’idée de ne graver que des femmes ne fait pas l’unanimité au sein de la commission. L’historien Bertrand Lemoine a suggéré un équilibre symbolique : intégrer à la fois de nouveaux noms masculins et féminins. Une manière, selon lui, d’insuffler un vent de modernité à l’image de la tour, qui fut elle-même un manifeste de modernité en 1889.
Une décision politique assumée
Si les experts s’accordent sur les grandes lignes, la décision finale reviendra à Anne Hidalgo elle-même. Selon les informations relayées par Le Figaro, la maire de Paris entend choisir personnellement les noms féminins qui auront l’honneur de figurer sur la Dame de fer. Une façon de laisser, elle aussi, sa trace sur l’un des monuments les plus visités au monde.