Agathe Hilairet : oui, le corps de la joggeuse a été déplacé, l’examen de sa montre connectée en dit long
La disparition d’Agathe Hilairet, retrouvée morte près d’un mois après son jogging, suscite une onde de choc bien au-delà de la Vienne.
Alors que les premiers éléments excluent un accident, les enquêteurs penchent désormais pour une intervention humaine. Retour sur une affaire troublante qui prend un virage inquiétant. Le 10 avril 2025, Agathe Hilairet, 28 ans, part courir comme à son habitude dans une zone semi-boisée près de chez elle, dans la Vienne. Elle ne rentrera jamais. Son absence, signalée rapidement par ses proches, déclenche une vaste opération de recherche. Drones, hélicoptères, maîtres-chiens et battues citoyennes sont mobilisés pendant plusieurs jours. Les chiens renifleurs s’arrêtent net à un point précis du sentier, sans jamais retrouver sa trace. L’espoir s’amenuise.
Ce n’est que le 4 mai que son corps est découvert dans un sous-bois, à moins d’un kilomètre de l’endroit où sa trace s’était évanouie. Une localisation pourtant en dehors du périmètre initialement scruté. Le procureur de Poitiers, Cyril Lacombe, confirme la macabre découverte, évoquant alors une « périphérie des zones de recherche », laissant déjà entrevoir une possible dissimulation.
La montre connectée, témoin muet du drame
Mais c’est un objet technologique qui va offrir une première lecture du drame : la montre connectée que portait Agathe lors de sa sortie. Grâce à ses capteurs biométriques, elle a enregistré une accélération brutale du rythme cardiaque, suivie d’un arrêt net. Pour les enquêteurs, cela suggère un épisode de stress intense — voire une agression — immédiatement suivi de la mort.
Ce pic d’activité cardiaque s’est produit exactement là où les chiens avaient interrompu leur traque, renforçant la thèse d’un incident survenu à cet endroit précis. La concordance entre les données numériques et les constats au sol exclut un scénario purement accidentel.
Un corps déplacé, une intention criminelle
Le 24 juin, les enquêteurs franchissent un nouveau cap : les résultats de l’autopsie confirment que le corps a été déplacé après le décès. Un élément déterminant. En effet, le transport post-mortem d’un cadavre exclut désormais tout accident naturel, comme une chute ou un malaise. L’intervention humaine est donc confirmée, orientant l’enquête vers un acte criminel délibéré.
Pour l’heure, les causes exactes du décès n’ont pas pu être établies avec certitude. Aucune trace évidente d’agression sexuelle n’a été relevée, et les résultats toxicologiques ou traumatologiques complets se font encore attendre. Mais l’hypothèse d’un homicide, voire d’un acte prémédité, prend de plus en plus d’ampleur.
Une enquête ouverte, plusieurs pistes envisagées
Les gendarmes de la section de recherches poursuivent leurs investigations sur plusieurs fronts : enlèvement, séquestration, agression ou homicide prémédité. Des vérifications sont menées dans l’entourage de la victime, ainsi qu’auprès des habitants des environs. La nature du déplacement du corps intrigue particulièrement les enquêteurs : était-ce pour dissimuler un crime ou pour mettre en scène une fausse piste ?
L’absence de témoins directs, la zone peu fréquentée, et le profil sans histoire de la victime compliquent l’analyse. Agathe Hilairet, décrite par ses proches comme sportive, discrète et sans conflit connu, n’avait aucun antécédent judiciaire ou relation à risque identifiée, ce qui rend le mobile d’autant plus difficile à cerner.
Un climat de peur et d’attente
Dans la Vienne, l’émotion est vive et l’inquiétude palpable. Le fait qu’une jeune femme puisse être tuée sans témoin, en plein jour, et dans un espace public, ravive les peurs autour de la sécurité des femmes dans l’espace rural et périurbain. Le souvenir d’autres affaires similaires – joggeuses agressées, disparitions inexpliquées – alimente l’incompréhension et le malaise.
Pour l’heure, aucune interpellation n’a été effectuée, mais le parquet assure que toutes les ressources sont mobilisées pour élucider cette affaire. L’exploitation des téléphones, des caméras de surveillance, des données de géolocalisation ou encore les témoignages dans le voisinage constituent désormais les priorités.
Une affaire encore enveloppée de zones d’ombre
Ce que l’on sait avec certitude aujourd’hui, c’est qu’Agathe Hilairet est morte brutalement, à un endroit précis, avant que son corps ne soit déplacé. L’enquête doit désormais répondre aux trois questions fondamentales : qui l’a tuée, pourquoi, et comment son corps a-t-il pu être transporté sans éveiller les soupçons pendant plusieurs semaines ?