Affaire Kendji Girac : le chantage au suicide, « un véritable système de terreur au sein du couple »
Le récit de Kendji Girac, un geste dramatique fait pour retenir celle qu’il aime, s’inscrit dans un contexte plus vaste et alarmant de manipulations affectives au sein des relations intimes.
L’incident, survenu récemment, met en lumière une facette sombre et souvent méconnue des dynamiques conjugales : le chantage au suicide. Cette méthode de contrôle, où un individu menace de mettre fin à ses jours pour influencer les actions d’un proche, est une forme de violence psychologique profonde et dévastatrice.
Armelle Vautrot, chercheuse et thérapeute, souligne la différence cruciale entre ce type de comportement et une véritable détresse suicidaire, qui découle d’une profonde souffrance psychologique.
Elle décrit le chantage au suicide comme une tentative de domination, où l’agresseur invoque sa propre mort potentielle comme une épée de Damoclès sur la tête de son partenaire, insinuant cruellement que toute conséquence fatale reposerait sur les épaules de ce dernier.
Ce phénomène n’est pas anodin ; il est suffisamment préoccupant pour figurer sur le « violentomètre », un outil conçu pour sensibiliser au spectre des violences conjugales.
Menacer de se suicider place l’agresseur à un niveau alarmant de dangerosité, précisément au rang 19 sur une échelle de 24, ce qui indique un niveau de violence psychologique élevé et un besoin urgent d’intervention.
Les témoignages recueillis par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) en 2021 révèlent que cette tactique n’est malheureusement pas rare.
Selon l’enquête Genese, un tiers des femmes victimes de violences psychologiques rapportent avoir été confrontées à ce type de chantage, témoignant de l’ampleur du problème au sein des couples et parfois même, tragiquement, au sein des familles impliquant des enfants et des adolescents.
Chantal Paoli-Texier, présidente de l’association AJC, décrit l’impact dévastateur de ces menaces. Elles instaurent un climat de terreur où la libre expression est muselée par la peur de déclencher une tragédie.
La menace du suicide sert non seulement à manipuler et contrôler mais aussi à détourner la responsabilité des actes de l’agresseur vers la victime, une inversion culpabilisante des rôles qui renforce l’emprise psychologique.
Face à de telles situations, les experts comme Nathalie Rocailleux et Armelle Vautrot conseillent vivement de rechercher du soutien, de s’éloigner de l’influence toxique et de se tourner vers des ressources spécialisées.
Les centres d’Information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) et le service téléphonique 3919 sont des refuges pour les victimes, offrant aide et accompagnement pour briser le cycle de la violence et entamer le chemin de la guérison.