Affaire Jubillar : la lettre du fils lue à l’audience bouleverse la cour…
Dans le silence pesant de la cour d’assises d’Albi, la voix d’un enfant s’est faite entendre à travers une simple lettre. Louis, 11 ans, fils de Delphine et Cédric Jubillar, a livré un témoignage poignant, empreint d’innocence et de douleur, dans lequel il raconte ce qu’il dit avoir vécu auprès de son père.
La semaine précédente, le jeune garçon avait exprimé le souhait de venir en personne témoigner, mais ses avocats ont jugé cette épreuve trop lourde pour son âge. On lui a alors proposé une autre voie : écrire. Ce week-end, il a pris son stylo pour confier, sur trois pages quadrillées, ce qu’il garde en mémoire de ces années et de cette nuit tragique du 15 décembre 2020.
Les mots d’un fils marqué par la peur
« Madame la Présidente, je voudrais témoigner de ce que Cédric Jubillar m’a fait subir », commence-t-il. Dans cette écriture maladroite de préadolescent, Louis évoque des punitions humiliantes et des insultes récurrentes. Il raconte avoir été forcé de s’agenouiller, les mains sur la tête, parfois sur des Lego, ou d’abaisser son pantalon pour recevoir des fessées. « Cédric m’insultait beaucoup », écrit-il, citant les mots blessants dont il aurait été la cible.
Le souvenir d’une nuit qui a bouleversé sa vie
Louis décrit aussi, avec une précision déchirante, la dernière soirée passée avec sa mère vivante. Il se souvient d’un moment simple : “On regardait La France a un incroyable talent. Maman portait ses lunettes sur le canapé. Je suis allé me coucher avant la fin.” Peu après, dit-il, il aurait entendu une dispute. Pour tenter d’y mettre fin, il jette un Lego dans le couloir, feint de dormir, puis s’endort “pour de vrai”. Ces mots, d’une sincérité brute, donnent un aperçu de la terreur silencieuse qu’un enfant peut ressentir dans son propre foyer.
Après la disparition, le silence et le manque
Dans la suite de sa lettre, Louis raconte les jours d’après, ceux du vide et du déracinement. Il évoque son arrivée chez ses grands-parents maternels, où la tendresse de “mamie et papi” a remplacé l’absence d’un père. “Cédric ne s’est pas occupé de moi ni de ma sœur. C’était dur”, confie-t-il. Ces phrases, sobres mais pleines de sens, laissent transparaître la solitude d’un garçon dont l’enfance a été brisée trop tôt.
Lorsque la lettre a été lue à l’audience, Cédric Jubillar est resté de marbre. Aucun geste, aucun mot de compassion. Seulement une phrase, froide et brève : “C’est triste.” Son attitude a glacé l’assistance. Me Chmani, avocate des enfants, a précisé que Louis “se met encore à genoux quand on lui dit qu’il est puni”, un réflexe qui, selon elle, illustre la trace laissée par ces humiliations passées.