Deux ans et demi après la disparition d’Émile Soleil, l’enquête reste marquée par les zones d’ombre et les soupçons persistants. Malgré la découverte des ossements de l’enfant, la vérité peine à émerger.

Entre perquisitions tardives, gardes à vue très commentées et stratégies de défense assumées, la pression ne faiblit pas autour du cercle familial. En juillet 2023, le petit Émile Soleil disparaissait alors qu’il séjournait avec une partie de sa famille dans le hameau du Haut-Vernet. Pendant des mois, l’enquête s’est heurtée à l’absence de traces concrètes, avant que des ossements ne soient découverts par une randonneuse. Cette macabre trouvaille n’a toutefois pas mis fin aux interrogations, tant les circonstances exactes du décès demeurent floues.

De nouvelles perquisitions relancent les soupçons

Mi-décembre, soit près de deux ans et demi après les faits, les enquêteurs ont procédé à une nouvelle série de perquisitions au domicile de Philippe Vedovini et Anne Vedovini, les grands-parents maternels de l’enfant. Plusieurs objets ont été saisis, dont deux vélos, dans cette commune des Alpes-de-Haute-Provence devenue malgré elle un symbole de drame irrésolu.

La défense dénonce une opération tardive

Pour Julien Pinelli, avocat de la grand-mère maternelle, ces saisies interrogent davantage qu’elles n’éclairent. Selon lui, les objets concernés étaient accessibles aux enquêteurs depuis le 8 juillet 2023, et même depuis la garde à vue de sa cliente en mars 2025. Une temporalité qu’il juge révélatrice d’une enquête arrivant à une forme d’impasse, plutôt qu’à un tournant décisif.

Un “complément d’enquête” mené par la famille

Face à la pression médiatique et judiciaire, le couple Vedovini ne se contente pas de se défendre. Ils auraient entrepris un véritable “complément d’enquête”, qu’ils entendent transmettre à la justice en janvier. Notes, réflexions et observations de terrain viendraient nourrir ce travail, présenté non comme une remise en cause des enquêteurs, mais comme une tentative de contribuer à la manifestation de la vérité.

Des demandes d’actes encore inédites

Toujours selon leur avocat, ce dossier parallèle comprendrait également des demandes d’actes complémentaires et d’instruction, certaines n’ayant jamais été réalisées à ce stade de la procédure. L’objectif affiché : combler ce que la défense perçoit comme des angles morts de l’enquête, sans attaquer frontalement le travail déjà accompli par les autorités.

Des gardes à vue qui ont marqué les esprits

Les soupçons visant la famille ont pris une dimension nouvelle en mars 2025, lorsque les grands-parents maternels et deux de leurs dix enfants ont été placés en garde à vue pour “homicide volontaire” et “recel de cadavre”. Interpellés “au saut du lit”, ces placements étaient, selon une source proche du dossier, soigneusement programmés afin de confronter les déclarations recueillies jusque-là.

Une stratégie assumée des enquêteurs

À l’époque, le procureur avait expliqué sur BFMTV que ces gardes à vue s’inscrivaient dans un cadre précis de vérifications et de confrontations. Le consultant police-justice Laurent Valdiguié y voyait une manœuvre destinée à surprendre les intéressés pour tester la cohérence de leurs récits, estimant que “quelque chose cloche” dans les déclarations.

Une piste criminelle toujours privilégiée

Bien que les personnes interpellées aient été relâchées, la piste criminelle reste au cœur des investigations. Les enquêteurs évoquent un possible coup porté à l’enfant, à l’origine d’un “traumatisme facial violent”. Un scénario qui continue d’alimenter les soupçons, sans pour autant déboucher, à ce stade, sur des mises en examen.

Prudence face aux conclusions hâtives

La journaliste police-justice Mélanie Bertrand appelait récemment à la retenue, rappelant que le temps écoulé depuis la disparition pouvait avoir permis aux protagonistes d’harmoniser leurs versions. Elle soulignait la nécessité d’une extrême prudence, certaines gardes à vue spectaculaires n’ayant parfois conduit à aucune avancée décisive dans d’autres affaires.