« À ce rythme-là, on atteindra l’égalité en 2167 »: les femmes travaillent « gratuitement » à partir de ce lundi à 11h31
Chaque année, la même alerte revient comme un signal amer : les femmes ne sont toujours pas rémunérées à la hauteur des hommes.

En 2025, selon le calcul réalisé par la newsletter féministe Les Glorieuses, les femmes commencent symboliquement à travailler « gratuitement » dès 11h31 ce lundi 10 novembre, en raison de l’écart salarial persistant. Selon les dernières données de l’Insee, à temps de travail égal, les femmes gagnent encore 14,2 % de moins que les hommes. Cet écart, bien qu’en légère baisse par rapport à 2016 (où il s’élevait à 15,1 %), continue de refléter des déséquilibres structurels dans le monde professionnel. Pour Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses, cette évolution trop lente pose problème : « À ce rythme, l’égalité ne sera atteinte qu’en 2167 ».
Une date symbolique pour alerter
La démarche des Glorieuses vise à matérialiser cet écart en traduisant la perte financière en temps de travail non rémunéré. À partir de 11h31 ce 10 novembre, et jusqu’au 31 décembre, les femmes travailleraient donc “gratuitement” par rapport aux hommes. Une façon frappante de rappeler que l’inégalité ne relève pas de détails statistiques, mais de réalités vécues au quotidien.
Des secteurs entiers sous-valorisés

L’écart salarial n’est pas seulement mathématique. Il s’explique aussi par la concentration des femmes dans des métiers moins bien rémunérés, souvent liés au soin, au social ou à l’éducation. Les Glorieuses appellent donc à une revalorisation des professions à forte présence féminine, estimant que la reconnaissance passe aussi par le salaire.
Vers un congé post-naissance identique
Pour accélérer la convergence, Les Glorieuses préconisent également un congé post-natal équivalent pour les deux parents. L’objectif est clair : réduire l’impact de la maternité sur la carrière des femmes, souvent freinée au moment où les trajectoires professionnelles se structurent. Une mesure déjà appliquée ou expérimentée dans plusieurs pays européens.
Conditionner les aides publiques au respect de l’égalité

Autre proposition forte : réserver les marchés publics et subventions aux entreprises respectant l’égalité salariale. Une mesure incitative qui aurait un effet direct sur les pratiques internes des grandes organisations. « Il est temps que l’argent public cesse d’alimenter des inégalités privées », défend Rebecca Amsellem.
La transparence salariale, un levier décisif
À partir de l’an prochain, la transposition d’une directive européenne imposera aux entreprises la transparence des grilles de rémunération. Les Glorieuses voient dans cette obligation un tournant majeur, en particulier pour les femmes qui souhaitent négocier leur salaire. Les exemples de l’Islande ou de la Suède montrent que cette transparence contribue à réduire durablement les écarts.






