Un climat de tension extrême s’est installé ce jeudi matin à l’Assemblée nationale, lorsque le débat parlementaire a brutalement basculé dans le registre personnel. En pleine discussion sur l’exécution provisoire des peines d’inéligibilité, un échange virulent entre Emmanuel Duplessy et Éric Ciotti a provoqué une onde de choc dans l’hémicycle.

Alors que les débats portaient sur une proposition de loi sensible — celle visant à interdire l’exécution immédiate des peines d’inéligibilité —, le député écologiste Emmanuel Duplessy a interpellé Éric Ciotti sur un sujet totalement extérieur au texte en discussion. Avec une ironie appuyée, il a évoqué la mère du président de l’UDR, affirmant qu’elle aurait été hospitalisée durant 18 ans dans un service destiné à des séjours de courte durée, pour un coût estimé à 500.000 euros.

« Mais ce n’est pas grave, c’est Nicolas qui paie », a lancé le député du Loiret, reprenant une expression sarcastique devenue virale sur les réseaux sociaux, insinuant un abus de ressources publiques. Des propos qui ont immédiatement déclenché des huées dans l’hémicycle, certains députés dénonçant une attaque ad hominem inacceptable.

Une réponse bouleversante et une émotion rare

Touché au cœur, Éric Ciotti n’a pas tardé à répliquer avec gravité, évoquant la condition extrêmement précaire de sa mère, tétraplégique depuis un AVC survenu il y a 24 ans. Il a décrit, la voix tremblante, une femme clouée au lit, nourrie artificiellement, sous respirateur permanent, et a dénoncé ce qu’il a qualifié d’acharnement personnel.

« Vous m’obligez à parler de ce drame intime. C’est indigne. Vous remettez en cause sa légitimité à être soignée ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? L’éliminer ? », a-t-il lancé avec une émotion palpable. Sa déclaration a suscité une vague d’applaudissements dans l’hémicycle, y compris au-delà des bancs de l’UDR.

Soutiens et condamnations

La classe politique s’est rapidement divisée entre condamnation de la sortie d’Emmanuel Duplessy et soutien appuyé à Éric Ciotti. Le député RN Thomas Ménagé, tout comme Guilhem Carayon, jeune figure de l’UDR, ont publiquement exprimé leur solidarité sur le réseau X, dénonçant « une attaque indigne » et « un manque total d’humanité ».

De son côté, Emmanuel Duplessy n’a pas présenté d’excuses publiques immédiates, mais ses propos ont suscité une gêne jusque dans les rangs de la NUPES. Certains élus ont reconnu, en privé, que cette sortie pouvait décrédibiliser le fond des critiques adressées à Ciotti en basculant sur un terrain jugé hors des limites républicaines.

Un débat parlementaire détourné

Cette violente altercation a éclipsé le fond du texte examiné ce jour-là : la proposition d’Éric Ciotti visant à interdire l’exécution provisoire des peines d’inéligibilité, une mesure potentiellement lourde de conséquences dans le contexte de nombreuses procédures judiciaires impliquant des élus. L’Assemblée nationale a finalement rejeté la proposition, préférant maintenir la législation actuelle.

Mais cet épisode laisse des traces : il révèle le degré de tension extrême au sein de la représentation nationale, où les débats franchissent parfois la ligne du respect personnel. La politisation des histoires individuelles, surtout lorsqu’elles concernent la santé ou les proches, interroge sur les limites du discours politique.