Voici le regret n°1 des patients en fin de vie selon un psychologue
Et si, au seuil de notre existence, ce n’étaient pas nos erreurs mais nos non-choix qui pesaient le plus lourd ?
Entre confidences de fin de vie, introspections douloureuses et réflexions philosophiques, une vérité universelle semble se dégager : le regret naît moins de ce que nous avons fait que de ce que nous avons tu, reporté, ou refusé d’être. Et si vivre pleinement, c’était justement apprendre à s’écouter avant qu’il ne soit trop tard ?
Alfred de Musset l’écrivait avec une lucidité poignante dans On ne badine pas avec l’amour :
« J’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »
Ces mots résonnent comme un testament de sincérité face à soi-même, un rappel que vivre, c’est embrasser la totalité de notre parcours, avec ses blessures, ses élans et ses hésitations.
Mais qu’en est-il, au moment ultime, de ceux qui, justement, n’ont pas osé vivre comme ils l’auraient voulu ?
Cinq regrets qui reviennent au seuil de la mort
Dans son livre bouleversant Les cinq regrets des personnes en fin de vie, Bronnie Ware, infirmière australienne en soins palliatifs, a recueilli les confessions intimes de ceux qui n’avaient plus rien à perdre… sauf le temps.
Voici les regrets les plus fréquents qu’elle a entendus :
1. « J’aurais aimé vivre selon mes propres choix. »
Beaucoup regrettent d’avoir cédé aux attentes sociales ou familiales, d’avoir mis de côté leurs rêves pour se conformer à ce qu’on attendait d’eux. Ce regret renvoie à un manque d’authenticité vécue, une vie travestie par la peur du jugement ou le poids du devoir.
2. « J’aurais aimé travailler moins. »
Le travail, pilier de reconnaissance et de sécurité, devient vite un voleur silencieux de moments précieux. Les malades évoquent les anniversaires ratés, les soupers délaissés, les éclats de rire d’enfants absents, troqués contre des réunions sans lendemain.
3. « J’aurais aimé exprimer mes sentiments. »
Combien de silences lourds, de mots d’amour jamais dits, de pardons jamais offerts ? Ce regret exprime la souffrance d’avoir retenu sa vulnérabilité, par peur d’être rejeté, incompris ou jugé.
4. « J’aurais aimé garder le contact avec mes amis. »
À force de courir après les obligations, les amitiés s’effacent, jusqu’à n’être que de vagues souvenirs. Dans la solitude de la fin, beaucoup regrettent de ne pas avoir préservé ces liens essentiels qui, eux, ne demandaient souvent qu’un appel ou un geste.
5. « J’aurais aimé m’autoriser à être plus heureux. »
Peut-être le regret le plus amer : avoir cru que le bonheur était pour les autres, ou qu’il fallait le mériter. Ce regret parle d’un manque d’insouciance, de légèreté, d’une vie trop sérieuse, trop contrôlée.
Le regret : un miroir, pas une prison
Pourquoi regrette-t-on ? Pour Isabelle Filliozat, psychologue, le regret est la conscience soudaine d’une option que nous avons ignorée, refoulée ou repoussée. Regretter, c’est parfois comprendre trop tard ce que l’on désirait vraiment.
Mais attention : le regret n’est pas une condamnation. Ce n’est pas le regret lui-même qui fait souffrir, mais la culpabilité qui l’accompagne, cette idée que l’on a fauté contre soi-même. Pour s’en libérer, il faut cesser de ruminer le passé pour se reconnecter au présent.