« Une vingtaine de policiers », Jordan Bardella dénonce « une opération spectaculaire et inédite » de perquisition à son bureau
Une descente spectaculaire de la police judiciaire a eu lieu ce mercredi matin au siège du Rassemblement national à Nanterre. Cette perquisition, menée dans le cadre d’une enquête sur des financements suspects, intervient alors que le parti de Jordan Bardella se positionne au cœur du jeu politique post-législatif.
Ce mercredi 10 juillet, le siège du Rassemblement national à Nanterre a été investi par une vingtaine de policiers de la Brigade financière et anticorruption, accompagnés de deux juges d’instruction. L’opération, lancée à 8h50, s’est déroulée dans une atmosphère tendue. Selon Jordan Bardella, présent sur les réseaux sociaux peu après les faits, les agents étaient armés et équipés de gilets pare-balles, un dispositif rare pour une affaire de financement politique.
Le parquet de Paris a confirmé l’intervention dans la matinée, précisant qu’elle s’inscrit dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en juillet 2024. Cette affaire vise à faire la lumière sur le mode de financement de plusieurs campagnes du RN, et notamment sur des prêts accordés par des particuliers fortunés.
Une enquête sur des prêts qui suscitent la méfiance
Les investigations judiciaires portent sur trois campagnes électorales majeures du Rassemblement national : la présidentielle et les législatives de 2022, ainsi que la campagne européenne de 2024. D’après une source proche du dossier, plusieurs signalements ont alerté la justice sur des prêts privés accordés à des candidats RN, parfois sans passer par des structures bancaires classiques.
L’enquête cherche à établir si ces prêts, notamment en provenance de militants ou de soutiens fortunés, ont pu être utilisés pour contourner les règles strictes encadrant le financement politique. La justice s’interroge sur la nature réelle de ces transactions : dissimulaient-elles des dons illégaux ? Respectaient-elles les conditions de transparence exigées par le Code électoral ?
Les enquêteurs examinent également les modalités de remboursement de ces prêts, les taux d’intérêt éventuels, et l’éventuelle absence de garanties, éléments qui pourraient révéler des pratiques frauduleuses.
Bardella crie au scandale et dénonce une instrumentalisation
Sans attendre, Jordan Bardella a pris la parole sur X (ex-Twitter) pour dénoncer ce qu’il qualifie d’« harcèlement judiciaire ». Le président du RN s’est montré particulièrement virulent, accusant la justice de s’acharner contre son mouvement à un moment politiquement clé. « Un acharnement sans précédent dans l’histoire de la Ve République », a-t-il écrit, en référence à la présence massive des forces de l’ordre.
Selon lui, cette opération judiciaire s’inscrit dans une stratégie de « persécution politique » visant à discréditer le RN, alors même que le parti pourrait jouer un rôle décisif dans la constitution du prochain gouvernement. Le leader d’extrême droite évoque un « moment symbolique », dans un contexte où les négociations politiques post-élections sont toujours en cours.
Une affaire qui pourrait peser dans l’équation politique
Cette perquisition intervient dans un climat de forte tension politique, quelques jours seulement après les élections législatives, dont l’issue a laissé l’Assemblée nationale sans majorité claire. Alors que le Rassemblement national revendique sa légitimité à gouverner, cette affaire judiciaire pourrait en ternir l’image auprès d’une partie de l’opinion.
Si la justice venait à confirmer l’existence de manœuvres irrégulières ou illégales dans le financement des campagnes RN, les conséquences pourraient être explosives : invalidations, sanctions financières, voire inéligibilités pour certains responsables. Pour l’heure, l’instruction suit son cours, mais la charge symbolique de cette opération ne fait que renforcer la polarisation autour du parti de Jordan Bardella.