Une patiente en chimiothérapie se rendant à l’hôpital verbalisée par la SNCF pour un billet acheté après le départ du train
L’histoire de Ludivine, malade du cancer sanctionnée pour avoir acheté son billet de train après le départ, a bouleversé les réseaux sociaux et révélé l’écart parfois cruel entre la rigueur administrative et la réalité humaine. Son témoignage relance le débat sur la capacité des services publics à faire preuve d’empathie dans l’application des règles.
Ce vendredi 20 juin, Ludivine devait se rendre à l’Institut Curie, à Paris, pour y suivre une séance de chimiothérapie. Face à un TER retardé en gare de Compiègne, elle prend l’initiative de monter dans un autre train présent sur le quai afin de ne pas rater son rendez-vous médical. Une décision de bon sens dictée par l’urgence, mais qui va lui coûter cher. Une fois installée, elle achète immédiatement son billet via l’application mobile de la SNCF, pensant être en règle.
Une verbalisation jugée brutale
Quelques minutes avant l’arrivée du train en gare du Nord, Ludivine est abordée par un contrôleur. L’homme lui reproche d’avoir acheté son billet après le départ du train — une pratique effectivement interdite selon la réglementation. Le contrôleur lui inflige alors une amende de 50 euros, malgré ses explications et sa carte TER Hauts-de-France. Pour Ludivine, épuisée par les traitements et en situation de fragilité, cette scène prend une tournure particulièrement violente. Elle fond en larmes : « Je suis en chimio, je suis à bout. J’ai trouvé ça très injuste, très inhumain », confie-t-elle à La Presse.
Une attitude perçue comme déshumanisante
Mais au-delà de la sanction, ce sont les propos du contrôleur qui marquent profondément Ludivine. Lorsqu’elle lui explique qu’elle n’avait pas la force physique de parcourir le train pour le chercher avant d’acheter son billet, il lui répond sèchement : « Ça ne me regarde pas ». Elle en garde une impression glaçante : « Il en avait rien à faire, j’avais l’impression qu’il se foutait de moi ». Un comportement perçu comme d’autant plus cruel qu’elle est en plein traitement contre un cancer.
Un témoignage qui soulève l’indignation
Ludivine décide de partager son histoire sur Facebook. Rapidement, son témoignage suscite une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux, avec de nombreux internautes dénonçant le manque d’humanité du personnel concerné. La presse relaie à son tour le récit, amplifiant le retentissement de l’affaire. La jeune femme, travailleuse indépendante, rappelle que l’amende représente une somme significative pour elle, alors qu’elle perçoit seulement 12 euros par jour d’indemnité maladie.
Une réponse maladroite de la SNCF
Dans un premier temps, la SNCF tente d’éteindre l’incendie en affirmant « compatir » avec la voyageuse, tout en soutenant la décision du contrôleur au nom de l’égalité de traitement entre passagers. La réaction, jugée froide et insuffisante, ne fait qu’attiser la colère d’une opinion déjà choquée. Face à la pression médiatique, l’entreprise publie finalement un message sur X (anciennement Twitter), déclarant avoir été « sensible » au témoignage de Ludivine et être en contact avec elle pour régulariser la situation.
Des excuses, mais un malaise persistant
Contactée par le HuffPost, Ludivine révèle qu’un responsable de la communication de la SNCF l’a personnellement appelée. Il lui aurait présenté des excuses et promis un remboursement de l’amende, tout en lui reconnaissant que les règles mériteraient d’être mieux expliquées. Pour autant, l’expérience vécue a laissé des traces. Elle demande désormais une prise de position claire et publique de la SNCF : elle souhaite que l’entreprise affirme ne pas cautionner de tels comportements, et qu’elle s’engage à faire évoluer ses pratiques vers plus d’humanité.
Le service public face à ses contradictions
Au-delà du cas particulier de Ludivine, cette affaire soulève une question plus large : les agents de service public sont-ils encore autorisés à faire preuve de discernement et de compassion ? L’argument de la stricte application des règles semble difficilement tenable face à la détresse manifeste d’une patiente en traitement lourd. Pour de nombreux observateurs, cette rigidité déshumanisée traduit un dysfonctionnement du système, incapable de concilier justice et équité.
Un appel à repenser les règles avec empathie
Le cas de Ludivine met en lumière l’urgence d’une évolution des procédures, en particulier pour les usagers vulnérables. Il ne s’agit pas de réclamer un traitement de faveur, mais simplement de réintroduire l’humanité dans des interactions de plus en plus automatisées. Un billet validé quelques secondes trop tard ne devrait pas primer sur la réalité d’un combat contre le cancer. Pour Ludivine comme pour beaucoup, la règle devrait parfois s’incliner devant le bon sens.