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Transformer des Ehpad fermés en prisons : l’idée de Gérald Darmanin pour s’attaquer à la surpopulation carcérale

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Face à une surpopulation carcérale chronique, le ministre de la Justice Gérald Darmanin multiplie les propositions pour libérer de l’espace dans les prisons françaises. De la reconversion d’Ehpad à la location de cellules à l’étranger, le garde des Sceaux explore des pistes audacieuses, parfois controversées.

Sur RTL, Gérald Darmanin a surpris en évoquant la possible transformation d’anciens Ehpad en lieux de détention. L’idée, radicale, repose sur un constat simple : le manque criant de places de prison et la diversité des profils de détenus, souvent enfermés indistinctement dans les mêmes structures. « En France, le terroriste, le multirécidiviste routier et le narcotrafiquant partagent la même cellule. C’est absurde », a-t-il déploré. Cette initiative viserait à créer des prisons « à taille humaine », adaptées à des personnes considérées comme peu dangereuses.

L’objectif affiché : diversifier les infrastructures pour mieux catégoriser les prisonniers et limiter les effets pervers du mélange de profils. Une approche qui s’accompagne d’un autre chantier majeur : l’ouverture, le 31 juillet, d’une prison de haute sécurité exclusivement destinée aux narcotrafiquants à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).

Des prisons « low cost » pour désengorger plus vite

Autre piste évoquée : les établissements modulaires construits hors site, bien moins coûteux et rapides à livrer. Gérald Darmanin s’est félicité de l’ouverture prévue à l’automne 2026 d’une prison modulaire de 80 places à Troyes, pour un coût de 200.000 euros par cellule – moitié moins que le prix habituel. Cette solution permettrait de répondre plus rapidement à l’urgence carcérale, tout en allégeant la pression budgétaire liée à la construction de centres pénitentiaires traditionnels.

Le ministre ambitionne également une refonte des critères d’incarcération, ciblant prioritairement les profils réellement menaçants pour la société, et promouvant des conditions de détention différenciées selon la gravité des infractions.

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Louer des cellules à l’étranger : une idée qui avance

Conformément à la volonté d’Emmanuel Macron exprimée en mai dernier, la France cherche désormais à louer des places de prison à l’étranger. Une démarche inédite, qui a déjà donné lieu à des propositions concrètes. Des contacts ont été pris avec des pays frontaliers, notamment l’Espagne et l’Allemagne, où certaines prisons sont loin d’être saturées. L’enjeu est clair : externaliser temporairement l’enfermement de certains détenus pour soulager les établissements français.

Mais cette solution ne va pas sans obstacles : des ajustements juridiques, notamment à l’échelle européenne, sont nécessaires, en particulier sur la question du droit des détenus et du maintien des liens familiaux. « Il faut lever des obstacles juridiques notamment européens », a reconnu Darmanin, en insistant sur la complexité de maintenir le rapprochement familial pour des détenus éloignés géographiquement.

Une vision pragmatique, mais qui divise

Le volontarisme affiché par Gérald Darmanin illustre une volonté politique de rupture avec l’immobilisme qui entoure depuis des années la question pénitentiaire. Il s’agit non seulement de construire, mais aussi de repenser le modèle carcéral français, en le rendant plus flexible et différencié.

Cependant, ces annonces suscitent déjà des réserves, notamment du côté des défenseurs des droits humains et des associations d’aide aux détenus, qui redoutent une « sous-traitance » de la détention au détriment de la réinsertion. La transformation d’Ehpad en prisons, en particulier, fait grincer des dents, tant elle touche à l’imaginaire social de la vieillesse et de la solidarité intergénérationnelle.

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Une réforme sous haute surveillance

Alors que la France a été plusieurs fois condamnée pour les conditions indignes de détention dans ses prisons surpeuplées, ces annonces marquent un tournant stratégique. La question reste néanmoins posée : ces solutions d’urgence permettront-elles d’améliorer durablement la situation, ou ne feront-elles que repousser le problème ? L’opinion publique, sensible à la sécurité mais aussi à la dignité des détenus, scrutera avec attention les premiers effets concrets de cette politique carcérale repensée.

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