Thierry Ardisson : de la playlist à la présence de ses ex-compagnes, il a déjà tout prévu pour son enterrement
À 76 ans, Thierry Ardisson ne fuit pas l’idée de sa propre disparition. Loin d’en faire un sujet tabou, il l’aborde avec une lucidité teintée d’ironie.
Dans un entretien sans détour, le célèbre homme en noir dévoile ses volontés posthumes, entre cérémonial assumé et humour noir parfaitement calibré. Thierry Ardisson ne redoute pas la mort, mais il l’anticipe avec méthode. À l’aube de ses 80 ans, le célèbre animateur et producteur se projette avec une rare franchise sur ce moment ultime que tant préfèrent ignorer. Conscient d’avoir vécu le plus gros du voyage, il confie dans un long entretien accordé au Point qu’il pense régulièrement à ses obsèques, avec un mélange de réalisme et de provocation. Loin de s’y complaire, il préfère maîtriser ce qu’il appelle son « grand final », une manière pour lui de rester metteur en scène jusqu’au bout.
Un hommage scénarisé… par lui-même
L’homme en noir n’a jamais laissé de place au hasard dans sa carrière, et il en sera de même pour ses adieux. À l’occasion de la promotion de son ouvrage L’Homme en noir, publié aux éditions Plon, Ardisson s’est prêté au jeu des confidences. Interrogé sur son rapport à la mort, notamment en écho à son émission « Hôtel du temps » où il ressuscite des figures disparues grâce à l’intelligence artificielle, il a révélé avoir déjà en tête les moindres détails de son enterrement. Une manière peut-être de conjurer l’inéluctable, mais aussi de garantir une sortie à son image : singulière, émouvante, théâtrale.
Trois épouses et des potes : les invités d’honneur
Dans l’éventualité de ses funérailles, Ardisson ne souhaite pas simplement des figures publiques ou anonymes, mais bien les personnes qui ont marqué sa vie. « J’aimerais que les trois femmes que j’ai épousées soient là », confie-t-il avec une franchise désarmante. Il ajoute vouloir la présence de sa famille, de ses amis les plus proches, et promet de rédiger ses volontés avec précision quand il sentira l’échéance se rapprocher. Un testament spirituel, mais aussi un script où chacun aura sa place, au millimètre.
Un cérémonial millimétré, entre solennité et dérision
Ardisson ne veut pas d’un hommage fade : il réclame « la totale ». Encens, enfants de chœur, chants liturgiques : le décorum religieux n’effraie pas ce provocateur cathodique. Avec humour, il évoque même sa playlist idéale, mêlant Lazarus de David Bowie — un morceau déjà testamentaire — à In My Life des Beatles, dans une version reprise par l’acteur Sean Connery. Une cérémonie où la musique, plus que les discours, parlerait pour lui. Là encore, l’homme de télévision orchestre jusqu’au silence.
Un « mouton noir » qui s’assume jusqu’à la fin
« Je ne pense pas qu’on remplisse toute une église », lance-t-il, mi-amusé, mi-philosophe. Conscient d’avoir toujours clivé, Thierry Ardisson ne s’attend pas à une foule en délire pour ses derniers instants. Il évoque avec humour une « petite chapelle », comme ultime refuge d’un homme qui n’a jamais cherché à plaire à tous. Sa liberté de ton, il en a payé le prix dans sa carrière — parfois adoré, souvent critiqué — mais il n’a jamais transigé avec son style. Et cela, il compte bien le préserver jusqu’au bout.