Pourquoi toutes les espèces de félins ont-elles des pelages identiques sauf… le chat ?
Les grands félins arborent tous des pelages distinctifs conçus pour les aider à survivre dans la nature. Le chat domestique, quant à lui, semble faire figure d’exception avec ses robes extrêmement variées. Pourtant, cette diversité n’est pas due au hasard, mais à une histoire évolutive très différente, étroitement liée à l’homme.
Tigre, lion, panthère, léopard, lynx… tous ces prédateurs redoutables partagent un point commun : leur pelage est façonné par la nature pour maximiser leur discrétion dans leur habitat. Les rayures du tigre, par exemple, permettent de briser visuellement les contours de son corps dans les hautes herbes et les sous-bois denses, un camouflage redoutable dans les forêts tropicales d’Asie.
Chez les panthères et les léopards, ce sont les fameuses rosettes, sortes de taches irrégulières, qui leur offrent un mimétisme idéal dans les forêts épaisses ou les zones rocailleuses. Ce camouflage leur permet d’approcher silencieusement leurs proies sans se faire repérer.
Des lions moins discrets, mais tout aussi efficaces
Les lions, quant à eux, vivent majoritairement dans les savanes ouvertes d’Afrique. Leur robe unie, sable ou dorée, n’est pas un handicap dans leur mode de chasse, car ils comptent davantage sur la stratégie de groupe que sur l’effet de surprise individuel. Contrairement aux chasseurs solitaires que sont les panthères ou les tigres, les lions opèrent en meute, utilisant la coordination pour piéger leurs proies. Leur besoin de camouflage est donc moins essentiel, ce qui explique la sobriété de leur robe.
Le chat domestique, fruit d’une évolution guidée par l’homme
À l’opposé de ses cousins sauvages, le chat domestique n’a pas été façonné par la seule pression de la sélection naturelle, mais par une longue cohabitation avec l’humain. Issu du chat sauvage africain (Felis lybica), il a commencé à s’adapter à l’environnement humain il y a environ 10 000 ans. Cette domestication progressive, qui s’est déroulée notamment au Proche-Orient et en Égypte, a favorisé l’apparition de variations génétiques multiples, sans que la survie en milieu sauvage n’en dépende.
La sélection humaine, volontaire ou accidentelle, a joué un rôle clé dans l’émergence des multiples couleurs et motifs des chats d’aujourd’hui, du plus classique “tigré” au plus fantaisiste “écaille de tortue” ou “point”. Sans contrainte de camouflage, les pelages ont évolué librement.
Quand la génétique dicte l’esthétique
Derrière chaque robe féline, se cache une orchestration subtile de gènes, capables de modifier la couleur, les motifs, l’intensité ou la répartition du poil. Parmi les plus influents, on trouve :
Le gène Tabby : responsable des rayures ou marbrures typiques, très répandues dans la nature comme chez les chats domestiques.
Le gène MC1R : lorsqu’il est activé, il donne naissance à une pigmentation orangée appelée phéomélanine, à l’origine des chats roux.
Publicité:Le gène TYRP1 : il module la teinte de l’eumélanine (pigment brun-noir), et explique la différence entre les chats noirs et ceux dits chocolat ou cannelle.
Le gène TYR : celui-ci est impliqué dans les robes “colorpoint”, où seules les extrémités (oreilles, queue, pattes) sont colorées, comme chez les Siamois.
Le gène D (dilution) : il atténue les couleurs, transformant un noir en gris ou un orange en crème.
Publicité:Le gène S : il génère l’apparition de taches blanches, parfois très marquées comme chez les chats bicolores ou pie.
La combinaison de ces gènes peut produire une infinité de variations, d’autant plus que certains agissent ensemble ou de manière dominante/récessive. Cette richesse génétique est unique au chat domestique, car aucune autre espèce de félin n’a été autant croisée, sélectionnée, ni soumise à une telle variété d’environnements et de préférences humaines.