Pourquoi ne doit-on pas dire «je travaille sur Paris» ?
La préposition « sur » envahit progressivement le paysage linguistique francophone, se substituant souvent à des mots tels que « à », « de », et « pour ».
L’usage généralisé de « sur » a modifié la façon dont nous articulons nos pensées, érodant la richesse de la langue française.
Ce phénomène s’observe partout : des réseaux sociaux aux discussions quotidiennes, témoignant d’une évolution qui, bien que subtile, révèle des changements profonds dans notre manière de communiquer.
La préposition « sur » semble devenir une formule universelle dans le discours contemporain.
Des phrases comme « Je l’ai vue sur la télé » ou « on est sur le coup » illustrent cette tendance où « sur » remplace des prépositions plus traditionnelles et précises.
Bien que ces utilisations ne soient pas incorrectes, elles manquent souvent d’élégance et contribuent à une certaine uniformisation du langage, ce qui est un sujet de préoccupation pour les puristes et les linguistes.
Maurice Druon et la Défense de la Langue Française
Maurice Druon, de l’Académie française, s’était déjà alarmé de cet usage en 2002, soulignant que « sur » était abusivement chargée de significations qu’elle ne devrait pas porter.
Il appelait à la vigilance pour éviter que cette tendance ne se transforme en tic de langage, rappelant les origines et les emplois appropriés de cette préposition, qui devraient se limiter à des notions de position, de supériorité, ou de domination.
Clarification des Usages Appropriés
Selon les directives de l’Académie française, « sur » devrait être réservé pour exprimer la relation entre un objet et une surface ou un lieu.
Par exemple, on dira « le livre est sur la table » mais pas « je travaille sur Paris », la préposition adéquate étant « à » dans ce contexte. L’emploi correct de « sur » est crucial pour maintenir la clarté et la précision du français.
Sandrine Campese, spécialiste de la langue française, propose des distinctions utiles sur le site de Projet Voltaire.
Par exemple, elle précise qu’on s’assoit « dans » un fauteuil (un volume) et non « sur » un fauteuil, et qu’on lit des informations « dans » un journal plutôt que « sur » un journal. Ces précisions aident à conserver l’expressivité et la nuance de notre langue.