Pourquoi la facture d’électricité de certains Français pourrait finalement augmenter en 2025
Après des mois de répit relatif sur les factures d’électricité, le gouvernement pourrait bien changer de cap.
Dans un contexte de déficit public croissant, l’exécutif dirigé par Michel Barnier envisage d’utiliser la fiscalité énergétique comme levier de redressement des comptes de l’État. La TICFE, ou accise sur l’électricité, avait été réduite au strict minimum lors de la flambée des prix de l’énergie, pour soulager les ménages. Mais depuis février 2024, elle a été relevée à 21 €/MWh, avec déjà une hausse de près de 9 % des tarifs réglementés.
L’option initialement avancée par le gouvernement Attal — un rétablissement du taux pré-crise à 32 €/MWh en janvier 2025 — semblait alors un compromis raisonnable. Mais selon des sources relayées par Le Parisien, l’hypothèse d’un dépassement de ce seuil est désormais sérieusement étudiée, avec un nouveau taux possible autour de 37 €/MWh, voire plus.
Des arbitrages en suspens, mais une inquiétude palpable
Interrogée sur ce sujet délicat, la ministre déléguée à l’Énergie Olga Givernet a refusé de trancher, évoquant des « arbitrages en cours ». Elle a toutefois reconnu que les Français sont légitimement en droit d’attendre une baisse des factures, au vu du recul des prix de gros sur l’électricité. Une position prudente, partagée par Agnès Pannier-Runacher, qui insiste sur la nécessité d’éviter des conclusions hâtives : « Le Parlement tranchera », a-t-elle précisé.
Mais le doute plane sur la promesse d’un retour à la normale. Car si la hausse fiscale est trop importante, elle risque de neutraliser les effets positifs de la baisse du prix de l’énergie sur les marchés.
Des effets inégaux selon les types d’abonnement
Près de 80 % des ménages français sont abonnés au tarif réglementé ou à des offres indexées sur celui-ci. Pour ces foyers, même un retour au taux normal de la TICFE ne devrait pas entraîner de hausse significative des factures. Mieux : le ministère de l’Économie table sur une baisse de 9 %, soit environ 110 € d’économies par an, en raison de la chute des prix de gros.
Mais pour les 20 % restants — ceux abonnés à des offres de marché —, la facture pourrait bel et bien grimper, surtout si les fournisseurs décident de répercuter la hausse de la TICFE, quelle qu’en soit l’ampleur. Bercy rappelle que ces consommateurs peuvent librement revenir au tarif réglementé, ou opter pour une offre plus compétitive si les écarts deviennent trop importants.
Une mesure budgétaire rentable pour l’État
Si le gouvernement choisit de porter la TICFE à 37 €/MWh, les recettes fiscales générées pourraient augmenter de 1,5 milliard d’euros supplémentaires, en plus des 3 à 4 milliards déjà attendus. Un gain non négligeable pour les finances publiques, alors que le déficit français menace les équilibres budgétaires européens.
Vers une tension sociale sur les prix de l’énergie ?
Dans un contexte où les Français subissent déjà une pression fiscale élevée et une forte inflation passée, une nouvelle hausse d’une taxe sur un bien aussi essentiel que l’électricité pourrait raviver les crispations sociales. D’autant que la question énergétique reste sensible depuis la crise de 2022, où le gouvernement avait promis un « bouclier tarifaire ».
Si la hausse de la TICFE est finalement adoptée au-delà des 32 €/MWh, le message pourrait être perçu comme une rupture de confiance, surtout pour les ménages déjà fragilisés.