« Odieux », « pas très sympathique » : Patrice Leconte se lâche et balance sur le comportement de Michel Blanc sur un tournage
Derrière la légende de Jean-Claude Dusse, Michel Blanc cachait des zones d’ombre. Alors que l’acteur s’est éteint le 3 octobre 2024, le réalisateur Patrice Leconte est revenu sur un épisode difficile de leur collaboration. Au micro d’Europe 1, il a évoqué un tournage marqué par l’attitude tendue, presque méconnaissable, de l’acteur dans le film Les Grands Ducs.
Ce lundi 9 juin 2025, Patrice Leconte était l’invité de Thomas Isle dans Culture Médias sur Europe 1. L’occasion pour le réalisateur de se replonger dans ses souvenirs de tournages, et notamment dans sa longue collaboration avec Michel Blanc, entamée en 1978 avec le désormais culte Les Bronzés. Un partenariat artistique fructueux qui s’est poursuivi sur de nombreux films à succès : Ma femme s’appelle reviens, Viens chez moi, j’habite chez une copine, Monsieur Hire, ou encore Les Grands Ducs, sorti en 1996.
Mais à propos de ce dernier, Leconte a surpris en révélant un tournage « compliqué », dominé par un Michel Blanc très loin de son image de comique attachant. « Il ne devait pas être dans son assiette », a confié le cinéaste avec retenue, tout en évoquant un comportement qualifié d’ »odieux ».
Une attitude incomprise sur le plateau
Dans Les Grands Ducs, Michel Blanc partageait l’affiche avec trois monstres sacrés du cinéma français : Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle et Philippe Noiret. Une distribution prestigieuse, mais qui n’a pas empêché les tensions. Patrice Leconte se souvient des remarques répétées de ses acteurs principaux :
« Même les trois ténors me disaient : ‘Mais qu’est-ce qu’il a Michel ? Pourquoi il est comme ça ?' ». L’ambiance était manifestement tendue, et l’attitude de Blanc a marqué les esprits, y compris ceux pourtant aguerris à l’exigence des tournages.
Le réalisateur n’avance aucune explication précise. « Peut-être était-il dans une mauvaise passe », suggère-t-il simplement, tout en reconnaissant une forme de décalage entre le professionnel exemplaire qu’il connaissait jusque-là et l’homme difficile à vivre sur ce tournage.
Une prestation saluée malgré tout
Malgré ces tensions, Patrice Leconte tient à saluer la performance de l’acteur à l’écran. « Il est parfait dans le film. Il n’y a que le résultat qui compte, le reste, on s’en fout. » Une déclaration qui ne nie pas les tensions vécues, mais qui rappelle une réalité bien connue du monde du cinéma : l’alchimie à l’image n’est pas toujours le reflet de l’ambiance sur le plateau.
En effet, Les Grands Ducs reste un film apprécié, notamment pour son ton tendre et désabusé sur le monde du théâtre vieillissant, et la prestation de Michel Blanc y est unanimement saluée. Mais cette façade professionnelle masquait visiblement des fragilités personnelles, dont même ses proches collaborateurs peinaient à mesurer la nature.
Un éclairage posthume sur un artiste complexe
Ces révélations interviennent quelques mois après la disparition de Michel Blanc à l’âge de 71 ans, un décès qui a suscité une vive émotion dans le paysage artistique français. L’homme à la carrière impressionnante, qui avait su jongler entre comédie populaire et cinéma d’auteur, reste l’un des piliers de la troupe du Splendid, mais aussi un acteur-réalisateur reconnu et parfois méconnu dans sa profondeur.
Le témoignage de Patrice Leconte vient ajouter une nuance à l’image publique de l’acteur. Derrière le comique de Jean-Claude Dusse ou les seconds rôles plus graves de Monsieur Hire ou Grosse Fatigue, se cachait un artiste sensible, parfois instable, en proie à des humeurs imprévisibles.