Mohamed Amra extrait de prison: Bruno Retailleau demande que « le juge se déplace ou qu’il y ait une visioconférence »
Alors que l’extraction de Mohamed Amra est prévue la semaine prochaine, la tension monte du côté des syndicats pénitentiaires et au sein de l’appareil sécuritaire.
L’exfiltration du narcotrafiquant, responsable de l’attaque mortelle d’un fourgon en 2024, ravive de vives inquiétudes quant aux risques encourus par les forces de l’ordre. Mohamed Amra, figure du narcotrafic français, sera extrait de la prison de Condé-sur-Sarthe pour être auditionné à Paris, au sein de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco). Un transfert à haut risque qui intervient un an après l’attaque meurtrière du péage d’Incarville, durant laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués. Un épisode traumatique qui hante encore les syndicats, particulièrement mobilisés contre cette nouvelle opération.
Le GIGN a été mobilisé, a confirmé ce mercredi la gendarmerie à BFMTV, pour sécuriser l’extraction. Malgré ce déploiement exceptionnel, les syndicats dénoncent une mise en danger inutile, parmi eux Yoan Kara (FO Justice) qui parle de « trahison ».
Retailleau et Darmanin prônent des alternatives à l’extraction
Face à cette contestation, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a pris position ce 4 juin sur RTL, en appelant à limiter ces transferts physiques de détenus très dangereux. « Chaque extraction consomme des moyens considérables et fait courir des risques majeurs à nos forces de sécurité », a-t-il souligné, plaidant pour que « soit le juge se déplace, soit qu’il y ait une visioconférence ».
Une position soutenue par Gérald Darmanin, interrogé mardi soir sur TF1. Le ministre de la Justice a tenté de rassurer : « Les conditions de sécurité seront hors normes. Le GIGN et le RAID veilleront au bon déroulement de l’opération. » Mais il n’a pas précisé les modalités logistiques précises du transfert.
Une réforme en attente : la visioconférence pour les détenus dangereux
La controverse souligne l’urgence d’une réforme plus large, évoquée dans le cadre de la future loi sur le narcotrafic. Celle-ci pourrait rendre obligatoire la visioconférence pour l’audition des détenus les plus dangereux. Pour Bruno Retailleau, cette disposition est cruciale pour protéger les agents et éviter la répétition de drames comme celui de 2024.
« Nous devons adapter notre système à ces profils criminels d’un autre niveau. Ce sont des individus militarisés, organisés, capables d’opérations commando. Les sortir de prison est une erreur stratégique », a-t-il insisté.
Une extraction sous pression, une société en attente
Le transfèrement de Mohamed Amra est plus qu’un simple déplacement judiciaire : c’est une épreuve de force sécuritaire et politique. Derrière l’apparente maîtrise des autorités, subsiste une profonde inquiétude sur la capacité de l’État à prévenir un nouvel acte de violence.
Dans une France encore marquée par les stigmates de l’attaque d’Incarville, chaque décision autour du dossier Amra prend une dimension symbolique. L’État doit non seulement garantir la sécurité, mais aussi restaurer la confiance d’un corps pénitentiaire ébranlé.