Sur les plateaux télé, les débats politiques prennent parfois des allures de règlements de comptes. L’émission « Seul contre tous » en a été la parfaite illustration : face à Éric Dupond-Moretti, Sarah Knafo n’a pas hésité à porter l’attaque frontale, remettant en question son action et son héritage en tant que ministre de la Justice.

Un face-à-face attendu, une tension immédiate

Près de dix ans après la célèbre altercation entre Éric Zemmour et Éric Dupond-Moretti, c’est au tour de Sarah Knafo d’empoigner verbalement l’ancien garde des Sceaux. Invitée sur le plateau de Seul contre tous le lundi 19 mai, la députée européenne et numéro deux du parti Reconquête ! n’a pas ménagé son interlocuteur. Face au bilan de son mandat, elle a choisi la frontalité : “Vous êtes un ringard Dupond-Moretti !”, a-t-elle lancé, dans une tirade virulente qui n’a laissé personne indifférent.

Une accusation de laxisme assumée

Dans son argumentaire, Sarah Knafo s’est attaquée au cœur du bilan de l’ancien ministre. Elle l’accuse d’avoir incarné, durant quatre ans, “le laxisme et l’insécurité”, affirmant que pour une large partie des Français, son image est aujourd’hui associée à l’impuissance face à la montée de la violence. Malgré un hommage initial à son parcours d’avocat, qu’elle admirait lorsqu’elle était “plus jeune”, elle affirme que Dupond-Moretti a trahi ses convictions en adoptant, selon elle, “les codes de la macronie” sans jamais en tirer de résultats tangibles.

Un bilan chiffré mis sur la table

Pour appuyer son attaque, Sarah Knafo évoque une donnée marquante : “300 000 victimes de plus” recensées durant ses quatre années au ministère de la Justice. En posant une question incisive – “Est-ce qu’il vous arrive de penser à eux ?” – elle place son adversaire face à ce qu’elle considère comme l’échec de sa mission. Pour elle, ces victimes représentent l’illustration la plus évidente de l’impuissance de l’appareil judiciaire sous sa direction.

Dupond-Moretti contre-attaque

Loin de se laisser démonter, Éric Dupond-Moretti a tenu à répondre avec fermeté, dénonçant ce qu’il perçoit comme une manipulation de l’opinion. Selon lui, une partie du “sentiment d’insécurité” largement relayé dans le débat public serait en réalité nourrie par les chaînes d’information en continu, qu’il accuse d’amplifier certains faits pour entretenir la peur.

Il rappelle également que son rôle allait au-delà de la seule lutte contre l’insécurité. “J’étais aussi ministre des détenus, et de la magistrature”, a-t-il souligné, mettant en avant la complexité de sa fonction. Une réponse qui visait à nuancer les critiques, mais qui n’a visiblement pas suffi à convaincre son opposante du soir.

Une opposition idéologique irréconciliable

Ce débat télévisé a mis en lumière deux conceptions diamétralement opposées de la justice et de la sécurité. Pour Sarah Knafo, la justice doit être avant tout une réponse ferme, immédiate et visible à la montée des violences, tandis que Dupond-Moretti continue de défendre une approche plus globale, où le respect du droit s’applique aussi bien aux victimes qu’aux détenus.

Entre attaques personnelles et débats de fond, cette confrontation illustre le climat politique actuel : tendu, polarisé, et dominé par des enjeux sécuritaires omniprésents. À l’heure où la sécurité reste l’un des sujets les plus sensibles aux yeux de l’opinion, ce face-à-face pourrait bien marquer un tournant symbolique dans les oppositions idéologiques à venir.